La capitale libyenne vit une nouvelle fois sous le choc des armes. Depuis le lundi 12 mai, de violents affrontements opposent deux groupes armés pourtant liés au gouvernement d’Abdelhamid Dbeibah : la Brigade 444 et la force Radaa. Les combats, déclenchés après la mort de Mahmoud Hamza, alias « Ghaniwa », puissant chef de milice, ont déjà fait six morts, et plongé les habitants dans une situation de siège.

Dans une capitale désormais sans issue, les Tripolitains sont contraints de se terrer chez eux. « Il n’y a pas une seule route sécurisée. Une femme a dû accoucher seule chez elle, car aucune ambulance ne pouvait circuler », raconte Sara Nader, 21 ans, qui vit confinée depuis trois jours. Les tirs nourris, les explosions et les frappes dans des zones densément peuplées créent un climat d’angoisse sans précédent.

Les Libyens, pourtant familiers des épisodes de violence depuis la chute de Kadhafi en 2011, confient leur inquiétude face à cette escalade inédite. « C’est la première fois qu’un gouvernement annonce une opération militaire dans des quartiers aussi habités », explique une habitante de 31 ans. L’absurdité du conflit réside dans sa nature : deux forces censées protéger Tripoli s’affrontent, chacune disposant du soutien direct ou tacite – des autorités en place.

Le Premier ministre Dbeibah a bien tenté de dissoudre la force Radaa, mais cette décision n’a pas empêché la poursuite des combats. La Turquie, principal allié du gouvernement reconnu à Tripoli, a appelé ce mercredi à un cessez-le-feu immédiat.

Au cœur des tirs croisés, la population civile exprime colère et incompréhension. « Ce conflit ne sert aucun intérêt national. Ce sont des règlements de comptes personnels entre chefs de guerre, déguisés en opérations de sécurité », dénonce un habitant par téléphone. Les habitants de Tripoli, déjà confrontés à l’insécurité chronique, redoutent une nouvelle guerre urbaine longue et meurtrière.

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