Cela fait maintenant plus de deux mois que Léré, une ville stratégique située à proximité de la frontière mauritanienne, est sous blocus imposé par le Jnim (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans), lié à al-Qaïda. Depuis le 29 novembre, les habitants subissent en silence les conséquences de cet embargo, qui a complètement paralisé l’accès aux marchandises essentielles, et mis en lumière l’absence de réaction des autorités de transition maliennes.

« Nous sommes le 21 janvier à Léré, et il n’y a absolument rien : ni riz, ni viande, ni huile, ni pâtes », déclare un habitant dans une vidéo transmise à la radio internationale RFI. Les rues, habituellement animées, sont désormais désertes ; les boutiques restent fermées, et la souffrance des habitants est palpable.

L’économie de Léré, qui dépend traditionnellement du passage de voyageurs et de commerces, a été gravement impactée par ce blocus. Les rares échanges qui subsistent se font par le biais de la contrebande, où de petits commerçants réussissent à faire passer quelques produits en payant les jihadistes, mais cela ne suffit pas pour répondre aux besoins de la population. En conséquence, les prix des produits alimentaires flambent, aggravant encore la situation.

Malgré la présence de l’armée malienne, qui dispose d’un camp militaire à Léré, les habitants déplorent son incapacité à secourir la ville. « L’armée passe sans souci, mais elle n’apporte aucune aide aux civils », affirme une source locale. Cette inaction contraste avec des interventions passées, comme celle de Farabougou en 2020, où la réponse militaire avait été rapide et médiatisée.

Les autorités, sollicités par RFI, n’ont pas donné suite aux demandes de commentaires sur la situation actuelle, créant un sentiment d’abandon parmi les résidents de Léré. Plusieurs sources locales évoquent une omerta autour de ce blocus, considérée par certains comme un aveu d’impuissance de la part des autorités.

Léré, qui compte environ 26 748 habitants selon les derniers chiffres de 2023, est un nœud routier crucial reliant Bamako à Tombouctou. Cependant, alors que la ville souffre, la capitale régionale reste relativement approvisionnée par des itinéraires détournés, notamment par route et voie fluviale.

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