Vingt ans de prison. C’est la peine requise, lundi 14 juillet 2025, par le procureur du tribunal de première instance d’Abidjan contre le commandant Abdoulaye Fofana, ancien aide de camp de Guillaume Soro. L’ex-officier ivoirien comparaît aux côtés d’une quinzaine d’autres accusés pour complot contre l’autorité de l’État et constitution de bandes armées.
Arrêté en mai 2022 à Abidjan après trois années d’exil en France, Fofana aurait, selon l’accusation, préparé une tentative de déstabilisation du pouvoir en place. Mais pour la défense, ce procès est avant tout une manœuvre politique visant un ancien haut responsable de l’État aujourd’hui dans l’opposition : Guillaume Soro.
À la barre, Abdoulaye Fofana reconnaît être rentré en Côte d’Ivoire clandestinement, via le Burkina Faso et sous une fausse identité. Il affirme toutefois que son retour avait une seule motivation : revoir son père mourant. Mais ses explications n’ont pas convaincu le parquet.
Le procureur souligne notamment les contacts de Fofana avec plusieurs militaires avant son arrivée à Abidjan. L’ancien commandant s’en défend : « Je prenais juste des nouvelles ». Des déclarations jugées peu crédibles par l’accusation, qui évoque un homme « habitué aux réseaux et aux intrigues militaires ».
Le président du tribunal relit certains procès-verbaux : plusieurs co-accusés y affirment que Fofana évoquait ouvertement un projet de coup d’État. Des propos désormais rétractés par les intéressés. « Des rumeurs, des on-dit », balaie l’accusé, en soulignant l’incohérence du dossier : « On ne fait pas un coup d’État sans moyens. Là, il n’y avait rien. »
Pour Me Kadidja Touré, avocate de Fofana, le procès est « vide ». Elle dénonce une procédure instrumentalisée pour atteindre un autre homme : « Ce qu’on reproche à mon client, c’est d’être proche de Guillaume Soro. C’est un procès politique. »
Le tribunal rendra sa décision le 28 juillet 2025. Quelle que soit l’issue, ce procès symbolise un climat politique ivoirien encore marqué par les tensions post-crise et les fractures entre anciens alliés du pouvoir.