Aux Comores, les tensions entre le gouvernement et les opérateurs économiques retombent provisoirement. La grève générale annoncée par ces derniers a été suspendue après que l’État a accepté un moratoire de deux mois sur la mise en œuvre d’une réforme fiscale douanière contestée.
Cette réforme modifie en profondeur les bases de calcul de plusieurs taxes à l’importation, dans un pays où près de 70 % des biens consommés sont importés. Selon la Nouvelle organisation patronale des Comores (NOPACO), il s’agirait d’une hausse déguisée des droits de douane, appliquée sans concertation avec les acteurs concernés.
Au cœur des inquiétudes, les répercussions sur le coût de la vie. Pour la Fédération comorienne des consommateurs (FCC), cette réforme risque de faire flamber les prix de produits de première nécessité, mais aussi de services essentiels comme l’eau, l’électricité et les soins de santé. « Dans un pays sans réel filet social, cela pourrait précipiter de nombreuses familles dans la précarité », alerte l’organisation.
Le gouvernement a cédé sur plusieurs points pour apaiser les tensions. Un audit indépendant sera commandité pour évaluer la légalité, la légitimité et l’impact de la réforme avant toute mise en œuvre. De plus, les opérateurs ayant déjà payé les nouvelles taxes devraient être compensés financièrement.
Autre point en discussion : un réaménagement des délais au port de Moroni, souvent pointé du doigt pour ses lenteurs et ses coûts additionnels.
Une réunion entre opérateurs économiques est prévue ce lundi afin de valider le protocole d’accord. Selon Hamidou Mhoma, vice-président de la NOPACO, la signature officielle pourrait intervenir dans les prochains jours. La trêve est donc conditionnée à ces engagements et reste fragile, alors que les Comoriens attendent des mesures concrètes pour protéger leur pouvoir d’achat.