Le retour au Cameroun de l’opposant Maurice Kamto, chef du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), après une tournée européenne, a provoqué une onde de choc dans la sphère politique nationale. Arrivé par la ville portuaire de Douala, il a été accueilli par une mobilisation spontanée de ses partisans — un rassemblement jugé illégal par les autorités et sévèrement critiqué par le pouvoir en place.
Le président Paul Biya lui-même a réagi, dans un geste rare, par un message publié sur le réseau social X (ex-Twitter). Reprenant un post déjà diffusé en 2020, il a écrit :
« Est-il nécessaire de rappeler qu’en démocratie l’accès aux responsabilités publiques est assuré par les urnes et non par la rue, les médias ou les réseaux sociaux ? »
Un message interprété par de nombreux observateurs comme une critique directe des agissements du MRC et de la mise en scène du retour de Kamto. La référence à « la rue » rappelle les images diffusées ce week-end, où plusieurs dizaines de militants s’étaient réunis de façon impromptue devant le siège du parti à Douala.
Dans la foulée, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), parti au pouvoir, a publié un communiqué officiel. Signé par son secrétaire général, Jean Nkuete, le document accuse certains partis – sans les nommer – de « préparer une insurrection meurtrière et sacrificielle » et de « conditionner l’opinion à des affrontements communautaires et intertribaux ».
Ces accusations ont immédiatement été dénoncées par plusieurs figures de l’opposition. Plusieurs candidats déjà déclarés à l’élection présidentielle ont qualifié la situation de « grave atteinte à la liberté d’aller et venir ». Ils fustigent notamment le double blocus imposé à Maurice Kamto : d’abord à sa résidence privée, puis au siège du MRC à Douala, pendant près de 48 heures.
Au sein de la société civile, les réactions oscillent entre inquiétude face aux tensions politiques croissantes et appel au dialogue. Tandis que certains appellent à la retenue de toutes les parties, d’autres réclament des garanties claires sur les libertés publiques à l’approche des échéances électorales.