Le politologue et homme politique béninois Richard Boni Ouorou a été placé sous mandat de dépôt dans la nuit de jeudi, après sa présentation devant le procureur spécial de la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET), Mario Mètonou. Le président du parti Le Libéral (LLB), récemment fondé, est poursuivi pour une affaire de corruption d’agents publics dans le cadre de la reconnaissance légale de sa formation politique.
Interpellé le 15 mai dernier, Richard Boni Ouorou est accusé d’avoir tenté d’influencer des cadres du ministère de l’Intérieur et de la Sécurité publique afin d’obtenir plus rapidement le récépissé de reconnaissance officielle de son parti. Selon le procureur spécial, les faits retenus pourraient lui valoir entre 5 et 10 ans de prison.
Outre Boni Ouorou, deux hauts fonctionnaires du ministère ont également été placés en détention provisoire. Il s’agit du directeur des partis politiques et des affaires électorales et d’un cadre de la Direction des affaires intérieures et des cultes. Un troisième suspect, le secrétaire général du ministère, est également poursuivi mais laissé en liberté provisoire.
Malgré les plaidoiries de la défense, le juge des libertés et de la détention a suivi les réquisitions du ministère public. Le dossier sera jugé ultérieurement par la CRIET, juridiction spéciale souvent critiquée par l’opposition pour son usage supposé politique.
Anciennement proche de l’opposition, Richard Boni Ouorou s’était illustré ces dernières années par ses critiques virulentes du président Patrice Talon, avant de lancer son propre parti, Le Libéral, qu’il présente comme une alternative centriste. Son arrestation soulève des interrogations au sein de l’opinion publique, notamment sur la liberté politique au Bénin, où les procédures judiciaires contre les opposants sont régulièrement dénoncées comme étant motivées par des considérations politiques.