Une semaine après l’intervention musclée du génie militaire dans le quartier de Plaine-Oréty, à proximité de l’Assemblée nationale, les ruines des habitations détruites sont encore visibles, et des familles sinistrées dorment à la belle étoile. La brutalité de l’opération soulève une indignation croissante, jusqu’aux rangs du Parlement de transition et des partis politiques, qui réclament désormais des comptes.

Le quartier sinistré, situé derrière l’hémicycle, a été la cible d’un vaste déguerpissement ordonné par le gouvernement. Officiellement, cette opération vise à libérer l’espace pour la construction d’une cité administrative et du futur « boulevard de la Transition ». L’exécutif justifie l’intervention par la volonté de réduire les embouteillages, les inondations et de lutter contre le mal-logement.

Mais sur le terrain, la méthode choque. Des dizaines de familles ont été expulsées sans préavis clair, selon plusieurs témoignages. « Le tribunal avait demandé un titre foncier et une expertise contradictoire. Il s’agissait d’une décision provisoire. Pourtant, l’État a immédiatement détruit les maisons », déplore Lionel Engonga, député de la société civile élu dans la zone touchée. L’élu affirme avoir rencontré des familles en détresse, dont certaines avec des nouveau-nés contraints de passer la nuit dehors.

Face à l’ampleur des dégâts humains et à l’absence de transparence, plusieurs acteurs politiques appellent à la création d’une commission d’enquête parlementaire. C’est notamment le cas de l’Union nationale, dirigée par Paulette Missambo actuelle présidente du Sénat et du parti Réagir de Michel Ongoundou Loundah.

« Il est inadmissible que la liste des personnes indemnisées n’ait même pas été rendue publique », s’indigne un parlementaire de la majorité de transition. Pour beaucoup, ces démolitions envoient un signal d’injustice, surtout lorsqu’elles interviennent à quelques mètres seulement de l’Assemblée nationale.

Mardi, Ike Ngouoni, ancien porte-parole de la présidence sous Ali Bongo, a profité du lancement de son parti, Les Engagés, pour dénoncer les méthodes employées. « Transformer une ville, oui. Mais pas en humiliant les gens », a-t-il déclaré. Il propose la mise en place immédiate d’un comité de suivi indépendant, avec des représentants de quartiers, afin de garantir la transparence des opérations.

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