Surpopulation, manque de personnel, conditions d’hygiène indignes… Dominique Simonnot alerte une nouvelle fois sur la dégradation des lieux de privation de liberté en France.
Le constat reste accablant et, selon Dominique Simonnot, contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL), il empire. Dans son rapport annuel publié ce mardi, elle dénonce un « abandon coupable » de l’État à l’égard de ses détenus mais aussi de ses agents pénitentiaires.
Avec 82 921 détenus pour 62 358 places disponibles, la surpopulation carcérale en France atteint un nouveau sommet. Plus de la moitié des détenus sont enfermés dans des établissements dont le taux d’occupation dépasse les 150 %. La contrôleure évoque même des cellules prévues pour quatre personnes, où sept cohabitent dans des conditions qualifiées d’inhumaines.
« Il y a 5 500 matelas au sol. Il y a plus de punaises de lit, de cafards et de rats que de détenus dans certaines prisons », alerte Dominique Simonnot. « Et après on s’étonne de la récidive ? »
Le rapport, fruit d’une vingtaine de visites dans des établissements pénitentiaires, centres de rétention administrative, hôpitaux psychiatriques et centres éducatifs fermés, pointe aussi le manque criant de personnel. La CGLPL chiffre à 7 000 le nombre de surveillants pénitentiaires manquants.
Cette pénurie entraîne des conséquences concrètes : près de 30 % des rendez-vous médicaux en prison sont annulés, faute de personnel pour accompagner les détenus à l’infirmerie. Une situation dénoncée par les médecins eux-mêmes, inquiets de ne plus pouvoir assurer un suivi digne.
Face à cette impasse, le président Emmanuel Macron a déclaré la semaine dernière être ouvert à l’idée de louer des places de prison à l’étranger, une solution qui interroge autant qu’elle divise, notamment au sein des associations de défense des droits humains.
Pour Dominique Simonnot, cette proposition ne règle en rien les causes profondes du problème. Elle appelle à un « sursaut politique » et à une refonte de la politique pénale, qui passe selon elle par un usage plus raisonné de la détention provisoire et un développement accru des peines alternatives.