L’arrestation de Succès Masra, président du parti Les Transformateurs et figure majeure de l’opposition tchadienne, suscite une vive controverse au sein de la classe politique nationale. Accusé d’être à l’origine de la diffusion d’un audio ayant prétendument déclenché le massacre du village de Mandakao, dans le Logone-Occidental, l’opposant est placé en garde à vue depuis vendredi dernier.

Selon les autorités, l’audio incriminé aurait incité à la violence dans ce village d’éleveurs situé près de Beinamar. La justice tchadienne évoque une enquête en cours, conduite selon les règles du droit national. « C’est une affaire purement judiciaire conduite par la justice tchadienne à travers le parquet », a déclaré Abdelnasser Garbo, porte-parole du Mouvement patriotique du salut (MPS), parti au pouvoir. Il rejette les accusations de manipulation et accuse les opposants de vouloir politiser l’affaire : « Ils cherchent simplement à se faire entendre et brandissent des arguments infondés. »

Mais du côté de l’opposition, la version officielle est loin de convaincre. Les avocats de Succès Masra dénoncent une manipulation numérique de l’audio, utilisant potentiellement des techniques d’intelligence artificielle à partir d’un enregistrement ancien datant de 2023. Ils exigent la libération immédiate de leur client.

Pour Avocksouma Djona Atchénémou, président du parti Les Démocrates et membre de la coalition GCAP, cette arrestation s’inscrit dans une logique de répression politique. « Le système veut nous faire peur. Ce qui s’est passé est une mascarade qui n’a rien à voir avec les événements de Mandakao. Ils veulent neutraliser toute voix qui les dérange », a-t-il affirmé.

Partager :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *