La principale figure de l’opposition rwandaise, Victoire Ingabire, a été arrêtée jeudi 19 juin à Kigali. Selon les autorités, elle est soupçonnée d’implication dans une affaire de déstabilisation de l’État, en lien avec des faits remontant à 2021. L’arrestation intervient quelques mois avant la fin de sa peine actuelle et à moins de trois mois du scrutin présidentiel prévu en septembre.
Le Bureau d’enquête du Rwanda (RIB) a déclaré dans un communiqué que Mme Ingabire pourrait être poursuivie pour « association de malfaiteurs et incitation publique à s’opposer au gouvernement ». La perquisition de son domicile et son interpellation ont eu lieu en fin de journée, peu après une comparution devant le tribunal, où l’opposante de 56 ans a nié toute implication.
Une affaire relancée à l’approche de l’élection présidentielle
Victoire Ingabire est citée dans un dossier ouvert en 2021 impliquant Sylvain Sibomana, son ancien collaborateur et ex-secrétaire général de son parti non reconnu, ainsi que huit autres personnes. Les autorités leur reprochent d’avoir organisé des réunions clandestines visant à renverser le régime de Paul Kagame, notamment à travers la lecture stratégique du manuel « Comment faire tomber un dictateur, quand on est seul, tout petit et sans arme », écrit par un militant serbe.
Face au juge, Mme Ingabire a réfuté ces accusations, affirmant que son parti — qui n’a jamais obtenu de statut légal au Rwanda — n’a plus d’activités actives depuis plusieurs années.
Une opposante sous pression permanente
Arrêtée une première fois en 2010 à son retour d’exil aux Pays-Bas, Victoire Ingabire avait été condamnée à quinze ans de prison pour « conspiration contre les autorités » et « minimisation du génocide de 1994 ». Elle avait été libérée en 2018 à la faveur d’une grâce présidentielle. Néanmoins, elle reste interdite de candidature à toute élection, y compris celle de 2025. Son dernier recours pour faire lever cette interdiction a été rejeté en mars dernier.
Pour ses avocats, cette nouvelle arrestation constitue un acharnement politique visant à neutraliser définitivement toute voix discordante dans un paysage politique verrouillé.