Plus de trois ans après le début de l’invasion russe en Ukraine, des négociations de paix directes entre Kiev et Moscou reprennent ce jeudi à Istanbul, dans un climat de tension, d’incertitude et d’espoir prudent. Il s’agit des premiers pourparlers directs depuis le printemps 2022, un moment jugé « décisif » par plusieurs acteurs internationaux. Mais un grand absent pèse sur la table des négociations : Vladimir Poutine.
Alors que sa présence à ces discussions, qu’il a lui-même proposées, était attendue voire espérée, notamment par des leaders comme Volodymyr Zelensky, Donald Trump et Luiz Inacio Lula da Silva, le président russe a finalement décidé de ne pas se rendre en personne à Istanbul. La délégation russe sera conduite par son conseiller présidentiel Vladimir Medinski, accompagné de deux vice-ministres.
Côté ukrainien, le président Volodymyr Zelensky sera bel et bien à Istanbul, où il doit également rencontrer son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, artisan discret mais actif du dialogue entre les deux belligérants. Le ministre ukrainien des Affaires étrangères est quant à lui attendu à Antalya pour les discussions parallèles de l’OTAN.
Les États-Unis, par la voix du secrétaire d’État Marco Rubio, ont exprimé leur « impatience » de voir des avancées concrètes, rappelant leur soutien à une résolution durable du conflit. Rubio est attendu sur les rives du Bosphore ce vendredi pour participer aux discussions.
Malgré l’initiative, les divergences restent profondes. Moscou continue de réclamer la reddition de l’Ukraine, son renoncement à rejoindre l’OTAN et la reconnaissance des territoires annexés. Des conditions inacceptables pour Kiev, qui exige de son côté le retrait total des troupes russes, le rétablissement de sa souveraineté sur l’ensemble du territoire et des garanties de sécurité à long terme.
L’Union européenne, dont le poids diplomatique reste limité face aux grandes puissances, a tenté de faire pression sur Moscou en annonçant un 17e paquet de sanctions, ciblant notamment la flotte « fantôme » de pétroliers permettant à la Russie de contourner les restrictions internationales.
La Turquie, hôte de cette reprise du dialogue, a qualifié le rendez-vous d’« historique », tandis que la Chine, alliée stratégique de Moscou, a exprimé l’espoir d’un « accord de paix durable et contraignant ». Une formule qui, si elle reste vague, témoigne du soutien croissant d’une partie de la communauté internationale à un règlement négocié.