La contestation contre le régime de Faure Gnassingbé a pris un tournant tragique. Après trois jours de mobilisation, notamment initiée par des artistes et influenceurs togolais, la répression menée par les forces de l’ordre a coûté la vie à au moins trois personnes et fait plusieurs dizaines de blessés, selon des sources concordantes issues de l’opposition et de la société civile.
Alors que la capitale Lomé était sous haute surveillance samedi 28 juin, de nouveaux heurts ont éclaté dans certains quartiers, notamment à Adidogomé. Les autorités, ayant déclaré les manifestations illégales, ont rapidement dispersé les attroupements. Les témoignages recueillis évoquent une violence inédite, ciblant particulièrement de jeunes manifestants.
« Hier nuit, quand le courant a été coupé, des enfants ont été pourchassés jusqu’à la lagune. Mon fils de 16 ans, qui venait d’obtenir le BEPC, a été retrouvé mort le lendemain », a confié un père endeuillé, la voix brisée par l’émotion.
Trois corps ont été repêchés dans la lagune de Bè, le visage tuméfié. Le premier, dans la nuit du 27 juin, et deux autres le lendemain. L’identification des victimes est en cours, alors que des familles sont toujours sans nouvelles de leurs proches.
Face à cette répression, les réactions sont nombreuses. Emmanuel Sogadji, coordinateur du monitoring à la Ligue togolaise des droits de l’homme, dénonce une « brutalité injustifiable » :
« Des arrestations, des blessés graves, des bastonnades et même des incursions dans les domiciles ont été signalés. La force utilisée par les forces de sécurité est totalement disproportionnée », affirme-t-il.
Du côté de l’opposition, la condamnation est unanime. Plusieurs leaders politiques appellent à une enquête indépendante et à la fin des violences. Aucune réaction officielle du gouvernement n’a encore été enregistrée à ce jour, alimentant colère et incompréhension au sein de la population.
