Des appels à des manifestations pacifiques circulent depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux au Togo. Jeudi, vendredi et samedi sont annoncés comme journées de mobilisation citoyenne par de jeunes activistes, artistes et membres de la société civile. Le mouvement, relayé via des visuels à fond rouge et des slogans appelant à la mobilisation, entend protester contre le pouvoir en place, dirigé par le président Faure Gnassingbé depuis 2005.
Les organisateurs de ces appels ne sont pas officiellement identifiés, mais plusieurs partis d’opposition et organisations de la société civile affirment soutenir l’initiative, tout en précisant ne pas en être à l’origine. « La tension monte progressivement dans certains quartiers de Lomé », confie un acteur de la société civile joint par téléphone.
Cette nouvelle série d’appels à manifester s’inscrit dans la continuité de la mobilisation du 6 juin dernier, qui avait été marquée par l’arrestation controversée du rappeur Aamron. Ce dernier, interpellé à son domicile et interné dans un établissement psychiatrique, a été libéré samedi dernier. Son cas avait suscité une vive émotion sur les réseaux sociaux, donnant un nouveau souffle à une contestation relativement discrète ces dernières années.
Le 6 juin, plus de 50 personnes avaient été interpellées, selon plusieurs sources locales. Trois d’entre elles seraient encore en détention. Ces arrestations avaient été dénoncées par des organisations de défense des droits humains, qui pointaient un usage excessif de la force et une restriction des libertés publiques.
Depuis le début de la semaine, les habitants de la capitale rapportent une présence sécuritaire accrue, notamment autour de certains carrefours sensibles et institutions publiques. Si aucune déclaration officielle n’a été faite quant à une interdiction formelle des manifestations annoncées, le gouvernement togolais a publié un communiqué la semaine dernière pour rappeler le cadre légal des manifestations publiques.
Il y est notamment indiqué que « tout appel à manifestation conduisant à une désobéissance ou à une révolte du peuple, source de troubles à l’ordre public, constitue une violation flagrante des textes en vigueur ».
À l’heure actuelle, il demeure difficile de mesurer l’ampleur que pourraient prendre ces mobilisations. Les précédents appels avaient donné lieu à des rassemblements dispersés, parfois réprimés, sans pour autant déboucher sur un mouvement de grande ampleur.