Le bras de fer se poursuit entre le régime de Faure Gnassingbé et le mouvement citoyen M66. Accusés de vouloir « déstabiliser le pays », plusieurs activistes togolais vivant à l’étranger font désormais l’objet de mandats d’arrêt internationaux.

Après les manifestations de juin au Togo, le gouvernement hausse le ton contre les opposants de la diaspora. Mercredi 9 juillet, les autorités togolaises ont confirmé l’émission de mandats d’arrêt internationaux visant plusieurs figures du mouvement M66, une plateforme née au sein de la diaspora togolaise. Le ministre de la Sécurité, Calixte Madjoulba, a déclaré que « les enquêtes se poursuivent » et que les pays de résidence des personnes visées sont « appelés à collaborer ».

Le mouvement M66 s’est fait connaître après l’arrestation du rappeur engagé Aamron, de son vrai nom Narcisse Essowè Tchalla, début juin. En réaction, des appels à la désobéissance civile ont été lancés les 6, 26, 27 et 28 juin, dénonçant une série de crises : vie chère, répression, atteintes aux libertés, mais surtout, la récente réforme constitutionnelle. Adoptée sans référendum en mai 2024, la nouvelle Constitution fait passer le Togo d’un régime présidentiel à un régime parlementaire, permettant à Faure Gnassingbé de devenir président du conseil des ministres le 3 mai 2025. Une transition dénoncée par l’opposition comme une stratégie de maintien au pouvoir.

Les autorités, elles, accusent les activistes de fomenter des troubles depuis l’étranger. « Quel que soit l’endroit où ils se trouvent, on ira les chercher », a prévenu le ministre Madjoulba, en évoquant des « manipulations orchestrées » pour semer le chaos dans le pays.

Parmi les figures visées : Ferdinand Ayité. Journaliste d’investigation et ancien directeur du journal L’Alternative, il vit en exil après plusieurs démêlés avec la justice togolaise. Dans une vidéo publiée sur YouTube, il a réagi avec ironie : « Je pense que les dépenses que ces poursuites judiciaires contre ma personne pourraient engendrer peuvent être utilisées pour construire des écoles et équiper nos hôpitaux au Togo. »

Soutenu par une frange croissante de la diaspora, le M66 réclame non seulement la fin de la répression mais aussi la démission de Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005 après la mort de son père, Gnassingbé Eyadéma. Une continuité dynastique qui dure depuis plus d’un demi-siècle.

Partager :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *