Le premier Sommet économique de l’Afrique de l’Ouest s’est clôturé ce samedi à Abuja dans un climat de tensions palpables entre États de la région. Malgré une participation limitée à seulement quatre chefs d’État, c’est le président béninois Patrice Talon qui aura marqué les esprits par un discours incisif et visionnaire sur l’avenir de l’intégration régionale.
La Mauritanie ainsi que les trois pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) ont décliné l’invitation du président nigérian Bola Ahmed Tinubu, organisateur du sommet. Cette absence, à laquelle s’ajoutent celles de plusieurs autres chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), illustre la crise de confiance qui gangrène l’organisation depuis plusieurs années.
Face à cette fragmentation régionale, Patrice Talon a choisi d’adopter un ton à la fois critique et constructif. S’exprimant sans notes, le président béninois a captivé l’auditoire et obtenu une standing ovation au terme de son allocution.
Appelant à une intégration véritablement opérationnelle, il a proposé que le Bénin et le Nigeria posent ensemble les jalons d’un noyau dur économique au sein de la CEDEAO. S’adressant directement à son homologue nigérian, il a invité les ministres béninois présents à entamer dès à présent les concertations techniques avec leurs homologues nigérians, pour lancer une phase concrète d’intégration bilatérale.
Dans une analyse sans concession, Patrice Talon a souligné les causes profondes de la paralysie de l’organisation ouest-africaine :
Non-application des textes adoptés
Absence de suivi administratif
Manque de volonté politique au sommet des États
« Ce n’est pas une réforme des textes dont nous avons besoin, mais une réforme des comportements », a-t-il martelé, appelant ses pairs à rompre avec l’immobilisme.
De son côté, le président nigérian Bola Ahmed Tinubu a prôné un recentrage de la CEDEAO sur les priorités économiques, sans pour autant livrer de plan précis. Plus concrètes ont été les propositions du ministre ghanéen des Finances, qui a suggéré la création d’un passeport spécial pour les start-up et la mise en place d’un fonds régional pour l’innovation, afin de stimuler l’entrepreneuriat numérique dans la région.