Le dialogue national sur le système politique sénégalais s’est achevé après une semaine d’échanges entre pouvoir, opposition, partis politiques et représentants de la société civile. Près de 800 participants se sont réunis pour tenter de tracer les contours d’une démocratie renforcée, mais les conclusions font état d’un consensus limité, notamment sur les questions sensibles des libertés publiques.
Parmi les points d’accord, les participants ont approuvé l’interdiction du cumul entre la fonction de chef de l’État et celle de chef de parti, ainsi qu’entre un poste ministériel et la présidence d’un conseil départemental. Un principe d’accord a aussi été trouvé pour instaurer un bulletin unique aux élections et accorder le droit de vote aux détenus, sous réserve d’études techniques et juridiques.
Le dialogue a également abouti à un accord de principe sur la nécessité de réduire le nombre pléthorique de partis politiques 386 formations pour 18 millions d’habitants et de donner un véritable statut à l’opposition. Toutefois, les modalités concrètes pour atteindre ces objectifs restent floues et ont fait l’objet de profondes divergences.
Sur le terrain des droits et libertés publiques, les débats ont buté sur des sujets cruciaux. Aucun consensus n’a été trouvé concernant l’abrogation des articles du code pénal relatifs à l’atteinte à la sûreté de l’État et à l’offense au chef de l’État, souvent dénoncés comme des instruments de répression politique. Ce flou juridique continue de susciter l’inquiétude des défenseurs des droits humains.
Le dialogue s’est déroulé sans la participation officielle du principal parti d’opposition, l’Alliance pour la République (APR), fondée par l’ancien président Macky Sall, bien que certains de ses membres y aient pris part à titre individuel. Cette absence a contribué à relativiser la portée politique des conclusions.
Les recommandations issues de ce dialogue doivent désormais être transmises au président de la République, Bassirou Diomaye Faye, qui s’est engagé à mettre en œuvre les points de consensus. Mais la défiance persiste : aucune des recommandations issues du dialogue tenu un an plus tôt n’a été appliquée à ce jour, rappellent plusieurs participants.