Le Sénégal a donné ce mardi le coup d’envoi de son dialogue national consacré cette année à la réforme du système politique. Une semaine de discussions intensives s’ouvre jusqu’au 4 juin, rassemblant les principaux acteurs de la vie nationale : membres du gouvernement, universitaires, autorités religieuses, partis politiques et organisations de la société civile.

Après les assises sur la justice organisées en 2024, l’édition 2025 de ce grand rendez-vous citoyen s’attaque à un chantier tout aussi crucial : la modernisation du système électoral et politique sénégalais. Parmi les sujets inscrits à l’agenda : l’inscription automatique des citoyens sur les listes électorales, la réduction du nombre de partis politiques, la transparence du financement des partis, l’adoption d’un bulletin de vote unique ou encore l’ouverture du droit de vote aux détenus.

« Ce sont des réformes structurantes pour consolider notre démocratie », a affirmé Moundiaye Cissé, directeur exécutif de l’ONG 3D, tout en regrettant l’absence de certains partis majeurs. « Le boycott de ce dialogue par le parti de l’ex-président Macky Sall est une occasion manquée. J’invite tous les Sénégalais à s’approprier ces discussions », a-t-il ajouté.

Malgré une volonté affichée d’inclusivité, le dialogue national ne fait pas l’unanimité. Le Parti de l’Alliance pour la République (APR), fondé par l’ancien président Macky Sall, ainsi que plusieurs figures de l’opposition dont l’ex-ministre de la Justice Aissata Tall Sall, Thierno Alassane Sall et Diethe Fall – ont décidé de ne pas y participer. Ils dénoncent une manœuvre politique visant à détourner l’attention des véritables urgences économiques et sociales du pays.

Pour ces opposants, les priorités devraient être ailleurs : création d’emplois, lutte contre la cherté de la vie et relance économique. Certains dénoncent également la « judiciarisation » de la vie politique, après une série d’inculpations visant d’anciens responsables du régime précédent.

Face aux tensions, la société civile entend jouer son rôle de médiateur et de force de proposition. Trente-cinq organisations ont remis un mémorandum commun listant des propositions concrètes pour renforcer la transparence du processus électoral et rationaliser le paysage politique.

« Il est temps d’en finir avec les doublons dans les candidatures, les partis fictifs et les financements opaques. Le Sénégal mérite une démocratie à la hauteur de sa maturité citoyenne », peut-on lire dans le document.

Ce dialogue intervient dans un contexte de transition politique réussie, avec une troisième alternance démocratique qui a suscité l’admiration à l’international. Mais les autorités le reconnaissent : le système présente encore des fragilités. À travers ces échanges, l’objectif est clair : bâtir un consensus national pour une démocratie plus efficace, plus représentative et plus inclusive.

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