Deux jours après l’intervention très critique de l’ancien président Joseph Kabila à l’encontre de son successeur Félix Tshisekedi, le parti présidentiel, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), a répliqué avec fermeté ce dimanche 25 mai depuis son siège à Kinshasa. Une réponse musclée portée notamment par Augustin Kabuya, secrétaire général du parti, qui n’a pas mâché ses mots envers l’ex-chef de l’État.
Dans une déclaration publique organisée en grande pompe, avec écrans géants, témoignages de victimes et images d’archives, l’UDPS a dénoncé ce qu’elle qualifie de tentative de réécriture de l’histoire par Joseph Kabila. Augustin Kabuya a notamment accusé l’ancien président d’être le « géniteur du M23 », groupe rebelle accusé de déstabiliser l’est de la République démocratique du Congo, et d’avoir plongé le pays dans « 18 ans de chaos ». « Il aurait dû se taire », a-t-il tranché, ajoutant que Kabila n’a « rien à nous apprendre lorsqu’il s’agit de démocratie ».
Cette riposte fait suite à une allocution de Joseph Kabila diffusée sur Internet vendredi 23 mai, au cours de laquelle il avait vivement critiqué la gouvernance actuelle, qualifiant Tshisekedi de « tyran » pris dans « l’ivresse du pouvoir ». Des propos qui ont ravivé les tensions dans un climat politique déjà sous pression à l’approche de futures échéances électorales.
Le gouvernement n’a pas tardé à monter lui aussi au créneau. Le porte-parole Patrick Muyaya, s’exprimant à la télévision nationale dans la soirée du dimanche, a qualifié Kabila d’« homme du passé » et pointé ses « contradictions ». Il a estimé que le camp présidentiel s’attèle actuellement à « réparer ce qui n’a pas été réglé sous son régime ».
Alors que les déclarations de Joseph Kabila continuent de susciter des remous dans la classe politique congolaise, l’échange à distance entre les deux camps révèle une fracture persistante entre l’ancien régime et les autorités actuelles. Une joute verbale qui ne devrait pas s’éteindre de sitôt, dans un contexte sécuritaire et économique toujours préoccupant en RDC.