Après deux années de blocage, la République démocratique du Congo relance un processus crucial : la mise à la retraite des agents publics. Plus de 300 000 fonctionnaires sont concernés par cette réforme, au cœur d’un plan ambitieux s’étalant de 2025 à 2035. Objectif : alléger une administration pléthorique, optimiser la gestion des effectifs et répondre aux exigences du FMI.
Depuis des années, la fonction publique congolaise est plombée par des pratiques de recrutement sans couverture budgétaire. L’exemple le plus frappant : entre 2017 et 2018, en pleine période électorale, près d’un million d’agents ont été enrôlés sans aucune programmation financière. « À cette époque, on a vendu du vent à des jeunes », déplore Jean-Pierre Lihau, vice-Premier ministre chargé de la Fonction publique.
Résultat : un effectif hypertrophié, avec 1,425 million de fonctionnaires recensés en juin 2023. La réforme actuelle vise à corriger ces dérives et à redonner à l’administration une architecture plus cohérente.
Le nouveau programme s’appuie sur deux mécanismes. D’abord, un financement mensuel de 20 milliards de francs congolais – soit environ 7 millions de dollars – logé dans un sous-compte spécial à la Banque centrale. Ensuite, à partir de 2026, un système innovant permettra aux banques payeuses d’avancer les indemnités de départ à la retraite. L’État les remboursera progressivement, sans impact supplémentaire sur le budget national.
Pour piloter cette réforme, une commission technique interinstitutionnelle a été mise en place. Elle regroupe la fonction publique, les ministères du Budget et des Finances, la présidence, la primature et la Caisse nationale de sécurité sociale des agents publics.
Ce chantier, l’un des plus attendus dans la réforme de l’État, symbolise un tournant dans la gestion des ressources humaines en RDC. Reste à savoir si sa mise en œuvre tiendra ses promesses.