Un tournant politique majeur en République démocratique du Congo : le Sénat a voté, jeudi soir, la levée de l’immunité parlementaire de l’ancien président Joseph Kabila. L’ex-chef de l’État, devenu sénateur à vie après son départ du pouvoir en 2019, est désormais exposé à des poursuites judiciaires pour des accusations particulièrement graves.

Le scrutin s’est conclu par une large majorité : 88 voix pour, 3 abstentions et 5 contre. Cette décision ouvre la voie à une instruction de la justice militaire, qui accuse Joseph Kabila de « trahison, crimes de guerre, crimes contre l’humanité » et de « participation à un mouvement insurrectionnel » en lien avec la rébellion de l’AFC/M23 dans l’est du pays.

Des accusations explosives

À l’origine de la procédure : une saisine du ministre de la Justice, transmise le mois dernier au procureur général des forces armées, qui a ensuite déposé une requête officielle au Sénat. Selon les autorités judiciaires, l’ancien président aurait joué un rôle actif dans la résurgence de la rébellion, responsable de violences et de déplacements massifs de civils dans l’est congolais.

Les accusations sont rejetées par le camp Kabila, qui dénonce une « chasse aux sorcières » à visée politique. Ferdinand Kambere, porte-parole du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), estime que la procédure est irrégulière : « En tant qu’ancien chef de l’État, Joseph Kabila bénéficie d’un régime pénal particulier. Seul le Congrès, et non le Sénat seul, est compétent pour lever ses immunités. »

Une décision qui divise la classe politique

Du côté de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), parti présidentiel, les réactions sont partagées mais globalement favorables à la décision. Le sénateur Jules Lodi insiste sur la présomption d’innocence : « Cette levée d’immunité ne vaut pas condamnation. Elle permet simplement à la justice de faire son travail. » Son collègue Jean Tshisekedi, lui, qualifie cette initiative d’« historique », affirmant qu’elle marque « un pas important vers la redevabilité des dirigeants ».

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