Le procès de l’ancien ministre congolais de la Justice, Constant Mutamba, s’ouvre ce mercredi 9 juillet à Kinshasa devant la Cour de cassation. Accusé de détournement de 19 millions de dollars destinés à la construction d’un complexe pénitentiaire à Kisangani, l’ex-garde des Sceaux, figure controversée du gouvernement, se retrouve désormais dans le box des accusés.

L’audience, très attendue, marque un tournant pour celui qui, il y a encore quelques semaines, incarnait la volonté de réforme du système judiciaire. Contraint à la démission fin juin, Mutamba fait désormais face à une justice qu’il avait lui-même accusée d’être gangrenée par la corruption et les arrangements politiques.

Si plusieurs chefs d’accusation avaient été envisagés, dont l’outrage à magistrat, l’incitation à la désobéissance, l’injure publique et la menace d’attentat, l’Assemblée nationale a refusé de lever son immunité pour ces faits. Seule l’accusation de détournement de fonds publics a été retenue par le parquet.

Selon l’accusation, l’ancien ministre aurait engagé des fonds publics sans autorisation préalable de la cheffe du gouvernement, dans le but supposé de les détourner. Le projet, bien que non exécuté, aurait représenté un risque réel de perte financière, selon une source proche du parquet, qui salue la vigilance de la cellule de renseignement financier, ayant permis de bloquer la transaction.

De son côté, Constant Mutamba crie au complot. Il dénonce un procès politique destiné à freiner son élan réformateur et à neutraliser une voix critique du pouvoir judiciaire. « Ce n’est pas une affaire de justice, c’est une bataille contre la réforme », déclare un membre de son entourage. L’ancien ministre affirme vouloir défendre son honneur et continuer à se battre pour ses convictions, malgré les pressions.

Pour certains analystes, cette affaire illustre les tensions persistantes entre institutions en RDC et révèle les fragilités de l’appareil judiciaire, souvent accusé de servir d’instrument politique.

Alors que s’ouvre ce procès très médiatisé, l’opinion publique reste divisée : justice implacable ou chasse aux sorcières ? Une chose est sûre, le dossier Mutamba sera scruté à la loupe, tant pour ses implications judiciaires que pour son poids politique.

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