À trois mois de l’élection présidentielle prévue le 25 octobre 2025 en Côte d’Ivoire, les appels à une implication plus forte de la communauté internationale suscitent des réactions contrastées dans la capitale. L’opposition, réunie au sein de la Coalition pour une alternance pacifique (CAP-CI), exhorte les partenaires étrangers à peser pour garantir un scrutin transparent et apaisé. Une position qui, dans la rue abidjanaise, ne fait pas l’unanimité.
« L’Union européenne n’a rien à faire dans notre politique intérieure », tranche un habitant du quartier de Yopougon. D’autres, au contraire, estiment qu’une médiation extérieure peut être utile en cas de blocage. « Quand une famille ne parvient plus à se parler, il faut bien un voisin pour calmer les tensions », explique un jeune commerçant de Treichville.
L’eurodéputé allemand Michael Gahler a récemment relancé le débat avec des déclarations appelant Bruxelles à « rappeler l’importance d’élections crédibles » aux autorités ivoiriennes. Des propos qui ont suscité de nombreuses réactions, entre méfiance vis-à-vis d’ingérences supposées et attentes d’un appui extérieur pour préserver la stabilité.
Dialogue en cours sous pression
Depuis plusieurs semaines, les visites de missions diplomatiques s’enchaînent : Union africaine, Cédéao, Nations unies. Objectif : encourager le dialogue entre le RHDP au pouvoir et ses opposants. Pour le politologue Netton Prince Tawa, ces efforts commencent à porter leurs fruits. « La rencontre entre CAP-CI et le RHDP montre que le pouvoir prête attention au message des partenaires extérieurs. »
Mais cet intérêt n’est pas sans arrière-pensée, avertit l’historien Abdoulaye Bamba. Selon lui, les grandes puissances occidentales tiennent surtout à préserver un bastion de stabilité dans une région en proie aux bouleversements : « Après les basculements militaires au Mali, au Burkina et au Niger, ni l’Europe, ni les États-Unis ne veulent voir la Côte d’Ivoire suivre le même chemin. »
Une stabilité avant tout stratégique
Cette stabilité ivoirienne, gage d’équilibre en Afrique de l’Ouest, semble aujourd’hui précieuse aux yeux des partenaires internationaux. Mais cela suffit-il à garantir une élection réellement libre et inclusive ? Pour nombre d’analystes, la réponse dépendra moins des diplomates étrangers que de la capacité des acteurs politiques locaux à instaurer un climat de confiance.