La France et la Guinée équatoriale se retrouvent une nouvelle fois devant la Cour internationale de Justice (CIJ) à La Haye, dans une affaire mêlant justice, diplomatie et biens confisqués. En cause : l’immeuble cossu du 42 avenue Foch à Paris, saisi par la justice française en 2020 à la suite de la condamnation de Teodorin Nguema Obiang, vice-président équato-guinéen et fils du chef de l’État, pour blanchiment et détournement de fonds publics.
Malabo demande aujourd’hui à la CIJ d’empêcher la vente du bâtiment, affirmant qu’il s’agit d’un bien appartenant à l’État équato-guinéen. Paris, de son côté, estime que l’immeuble appartenait personnellement à Teodorin Obiang et ne jouit donc d’aucun statut diplomatique, une position déjà validée par la CIJ dans une décision précédente en 2020.
La Guinée équatoriale accuse la France de chercher à tirer profit de cette affaire. Elle dénonce une manœuvre unilatérale, notamment après l’intervention de la police le 18 juin dernier pour changer les serrures du bâtiment, officiellement en réponse à une fuite d’eau. Selon Malabo, cet acte démontre la volonté de Paris d’accélérer la procédure de vente malgré les objections équato-guinéennes.
Dans un discours à forte charge politique, l’ambassadeur équato-guinéen à Paris, Carmelo Nvovo-Nca, a accusé la France de « paternalisme » et de « néocolonialisme », reprochant à Paris de vouloir imposer seule l’usage des fonds issus d’une éventuelle vente, sans concertation avec son pays.
Face à ces accusations, la France rappelle qu’une loi de 2021 prévoit que les biens confisqués dans des affaires de corruption soient restitués aux populations concernées, dans le cadre d’accords internationaux. Le directeur juridique du Quai d’Orsay, Diego Colas, a indiqué qu’un dialogue était en cours avec Malabo pour organiser la restitution de 6,1 millions d’euros issus de précédentes saisies mobilières.
Pour l’heure, la France assure qu’aucune vente du 42 avenue Foch n’est imminente. Elle demande à la CIJ de rejeter la requête de la Guinée équatoriale, estimant qu’il n’y a pas d’urgence à suspendre une procédure encore au point mort.