Coup de tonnerre au Nigeria : plus de 30 membres des forces de sécurité, dont 18 soldats et 15 policiers, ont été arrêtés mercredi 28 mai pour leur implication présumée dans un vaste trafic d’armes à destination de groupes armés, notamment jihadistes. Cette opération survient dans un contexte sécuritaire particulièrement tendu à travers le pays.
L’annonce a été faite par le porte-parole de l’armée nigériane, le colonel Ademola Owolana, lors d’un point presse tenu mercredi à Abuja. Parmi les suspects figure également un armurier militaire, un inspecteur de police et un chef traditionnel. Selon Owolana, ces individus « ont délibérément détourné des munitions des stocks officiels pour les revendre à des terroristes », motivés par des intérêts financiers.
L’affaire s’inscrit dans le cadre de l’opération « Snowball », lancée en août 2024 pour endiguer le détournement d’armes au sein même des institutions de défense et de sécurité. En dix mois, cette campagne s’est étendue à onze États fédéraux, y compris Borno, Kaduna, Plateau, Lagos, et le Territoire de la capitale fédérale.
Le colonel Owolana a précisé que d’importantes sommes d’argent avaient été retrouvées sur les comptes bancaires des suspects, renforçant les soupçons de corruption systémique. L’armée promet des sanctions exemplaires pour ces actes qualifiés de « haute trahison ».
Le Nigeria, première puissance démographique d’Afrique, est confronté à une insécurité chronique. Entre l’insurrection jihadiste dans le nord-est, les enlèvements de masse dans le nord-ouest, les conflits fonciers dans le centre et les velléités séparatistes dans le sud-est, le pays semble sous tension permanente.
Les récentes attaques de Boko Haram et de l’État Islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP) dans le nord-est ont de nouveau ciblé des bases militaires. D’après une étude du Conflict Armament Research, près de 20 % des armes utilisées par les groupes jihadistes dans la région du Sahel proviennent de raids contre des stocks militaires.
Le gouverneur de l’État de Borno, Babagana Zulum, a récemment tiré la sonnette d’alarme, dénonçant « le double jeu » de certains responsables militaires et politiques, accusés d’entretenir des liens avec les groupes insurgés. « Tant que ces complicités internes existeront, la guerre contre le terrorisme sera vouée à l’échec », a-t-il déclaré.
Cette nouvelle affaire met en lumière la vulnérabilité des institutions sécuritaires nigérianes et la complexité de la lutte contre le terrorisme dans un pays gangrené par la corruption et les conflits internes.