L’État de Kano est devenu l’épicentre d’un jeu d’échecs politique à l’échelle nationale. Le président Bola Ahmed Tinubu, dans sa stratégie de reconquête et de consolidation du pouvoir en vue des élections générales de 2027, multiplie les efforts pour rallier à sa cause des figures influentes, notamment le redouté Rabiu Musa Kwankwaso, homme fort du nord du pays.

Kwankwaso, ancien gouverneur de Kano et leader du Nouveau Parti du Peuple Nigérian (NNPP), a remporté haut la main sa région lors des élections présidentielles de 2023. Son influence reste incontestée, renforcée par l’élection de son gendre, Abba Kabir Yusuf, à la tête de l’exécutif régional. Cette victoire avait marqué une revanche politique sur son ancien allié devenu rival, Abdullahi Ganduje, désormais président du parti au pouvoir, l’All Progressives Congress (APC).

L’idée d’un retour de Kwankwaso dans le giron de l’APC, évoquée de plus en plus ouvertement ces dernières semaines, alimente les tensions internes. Abdullahi Ganduje voit dans cette possible alliance un affront personnel et politique. Il s’active désormais pour bloquer cette tentative de rapprochement, en tissant des alliances avec des membres influents du NNPP à Kano afin d’endiguer l’influence persistante de son ancien mentor.

Le ministre des Transports, originaire lui aussi de Kano, a récemment déclaré que « Kwankwaso n’est plus pertinent politiquement », ajoutant qu’une adhésion de ce dernier à l’APC risquerait de « créer une crise dans le parti majoritaire ».

Alors que le Parti Démocratique Populaire (PDP) enregistre une série de défections dans le sud du pays, le président Tinubu semble vouloir préempter les bastions du nord. Cette stratégie, bien qu’ambitieuse, s’annonce périlleuse tant les rivalités régionales et les ambitions personnelles restent vives.

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