En l’espace de 72 heures, l’armée nigérienne a été secouée par deux mouvements d’humeur distincts, révélateurs d’un profond malaise au sein des troupes déployées dans l’ouest du pays. Après Filingué mardi, c’est à Téra qu’une nouvelle mutinerie a éclaté mercredi, portant à quatre le nombre d’incidents de ce type en seulement trois mois.

Mercredi 25 juin, les soldats de la compagnie mobile de contrôle des frontières basée à Téra, à moins de 200 km de la capitale, ont refusé d’exécuter un ordre de mission. Il leur était demandé de sécuriser un convoi de camions de ravitaillement parti de Dori, au Burkina Faso, en direction de Niamey. Une tâche qu’ils ont jugée trop risquée dans le contexte actuel. Les militaires dénoncent un manque criant de moyens logistiques et humains, notamment l’absence d’armement adéquat, de renseignements opérationnels fiables, de munitions en quantité suffisante, ainsi que des retards de solde.

Le traumatisme reste vif dans les rangs : la semaine précédente, 71 soldats nigériens ont été tués dans une attaque à Banibangou, localité proche de la frontière malienne.

La veille, mardi 24 juin, un soulèvement similaire s’est produit à Filingué, à 180 km au nord de Niamey. Les hommes du 13e bataillon interarmes ont rejeté une mission de relève à Banibangou tant que leurs revendications ne seraient pas satisfaites. Ils réclamaient, entre autres, un renforcement de l’appui aérien et un meilleur équipement.

Le commandant du bataillon, le lieutenant-colonel Massaoudou Dari Mossi, qui a tenté de faire exécuter l’ordre, a été violemment pris à partie par ses propres hommes. Séquestré puis frappé, il a été transféré d’urgence à Niamey avant d’être évacué en Turquie pour y recevoir des soins plus appropriés.

Ces événements portent à quatre le nombre de mutineries recensées depuis mars. Deux premières rébellions avaient déjà été enregistrées à Termit et Tahoua, toujours sur fond de frustration croissante des troupes déployées dans des zones à haute intensité terroriste.

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