Le décès brutal de l’influenceur burkinabè Alino Faso, survenu en détention à Abidjan, provoque une vive tension diplomatique entre Ouagadougou et Abidjan. Alors que les autorités ivoiriennes évoquent un suicide, le gouvernement burkinabè exige des explications claires et dénonce une « procédure inacceptable ».
Arrêté en janvier dernier pour « intelligence avec un État étranger » et « complot », Alino Faso de son vrai nom Alain Traoré était détenu dans une caserne de gendarmerie à Abidjan. Sa mort a été annoncée ce dimanche 27 juillet dans un bref communiqué du procureur ivoirien, qui évoque un suicide. Une version aussitôt contestée par les autorités burkinabè.
Dans un communiqué officiel, le ministre des Affaires étrangères, Karamoko Jean-Marie Traoré, s’est dit « indigné » et a dénoncé un « mépris pour la famille du défunt et pour le peuple burkinabè ». La chargée d’affaires de l’ambassade ivoirienne à Ouagadougou a été convoquée en urgence pour une demande de confirmation officielle et de précisions sur les circonstances du drame.
« Nous rejetons la thèse du suicide », a déclaré le ministre burkinabè de la Communication, estimant que les faits « s’apparentent à un assassinat crapuleux ». Il fustige également les conditions de détention du jeune influenceur, détenu depuis plus de six mois sans procès. Le gouvernement exige une enquête indépendante et le rapatriement immédiat de la dépouille.
À Abidjan, la nouvelle bouleverse ses proches. Propriétaire d’une rôtisserie à Marcory, Alino Faso était perçu comme « généreux, sociable, sans histoire », selon les témoignages recueillis sur place. « L’idée qu’il se soit suicidé nous laisse sans voix », confie un voisin.
Dans les deux pays, les appels à la transparence se multiplient. Pour de nombreux observateurs, seule une enquête crédible et publique permettra d’apaiser les tensions croissantes entre les deux capitales.