La Cour d’assises spéciale de Bamako a rendu son verdict ce mardi dans le dossier explosif de l’acquisition controversée d’un avion présidentiel et de matériel militaire en 2014. L’ancienne ministre de l’Économie et des Finances, Bouaré Fily Sissoko, a été condamnée à dix ans de réclusion pour « faux en écriture », « usage de faux » et « atteinte aux biens publics ».
Ce procès, qui s’est étalé sur huit semaines, s’inscrit dans l’un des plus grands scandales politico-financiers de la dernière décennie au Mali. À l’époque, l’achat d’un avion présidentiel flambant neuf et d’équipements militaires, sans appel d’offres, avait déclenché une vague de critiques internationales et entraîné la suspension temporaire de l’aide du Fonds monétaire international (FMI).
Outre Bouaré Fily Sissoko, d’autres anciens responsables ont été reconnus coupables, notamment le colonel-major Nouhoun Dabitao, condamné à sept ans de prison ferme. Plusieurs accusés, jugés par contumace, ont écopé de la réclusion criminelle à perpétuité.
En revanche, l’ancien ministre Mahamadou Camara, un proche de l’ex-président Ibrahim Boubacar Keïta, a été acquitté. Il était poursuivi pour avoir autorisé un document-clef facilitant la transaction, mais la Cour a estimé que les charges à son encontre n’étaient pas suffisantes.
Malgré les débats nourris, le procès n’a pas permis d’établir avec certitude le coût exact de l’avion, dont les estimations oscillent autour de 40 millions de dollars. La Cour a toutefois conclu que l’opération s’est accompagnée de malversations.
Ce jugement ne signe probablement pas la fin de l’affaire. Plusieurs avocats de la défense dénoncent un procès à visée politique et ont d’ores et déjà annoncé un pourvoi en cassation.