Par un décret présidentiel annoncé mardi soir à la télévision nationale ORTM, le gouvernement de transition malien a officiellement dissous l’ensemble des partis politiques et organisations à caractère politique sur tout le territoire national. Cette décision, prise lors d’un Conseil des ministres extraordinaire, marque un tournant radical dans la gouvernance du pays et suscite de vives inquiétudes quant à l’avenir démocratique du Mali.
La mesure, justifiée par le ministre délégué Mamani Nassiré comme une étape du processus de réformes en cours, met fin au fonctionnement légal de toutes les structures politiques. Toute activité ou réunion à caractère politique est désormais interdite, sous peine de sanctions. Les responsables politiques exerçant une fonction publique pourront rester en poste, mais devront renoncer à toute affiliation partisane.
Le gouvernement assure vouloir « refonder la vie politique », notamment en réduisant le nombre de partis, en restreignant leur financement public, et en durcissant les conditions de création. Une nouvelle loi-cadre devrait être élaborée, selon les autorités.
Cette annonce a provoqué une onde de choc dans la classe politique. Plusieurs figures de l’opposition dénoncent une « dérive autoritaire » et un retour de fait à la dictature. « Le pluralisme est mort, la démocratie est suspendue », affirme un ancien ministre sous couvert d’anonymat. « Cette décision ouvre la voie à un pouvoir autocratique sans contre-pouvoirs. »
Depuis plusieurs semaines, des voix s’élevaient contre la dissolution annoncée des partis, malgré un climat de répression marqué par des arrestations ciblées de militants pro-démocratie.
Des juristes et anciens élus évoquent une violation de la Constitution et un « coup de force juridique ». Toutefois, avec la suppression des partis, toute action judiciaire institutionnelle devient quasi impossible. Les recours potentiels devront être portés à titre individuel, ce qui limite leur portée.
Privée de cadre légal, l’opposition annonce qu’elle poursuivra son combat, « même dans l’ombre ». Plusieurs militants promettent une lutte sur le terrain citoyen et dénoncent « une volonté manifeste de confisquer le pouvoir ».