Après plusieurs années de gel diplomatique, les États-Unis ont entrepris un timide rapprochement avec le Mali sur les questions de défense. Rudy Atallah, ancien conseiller antiterroriste de Donald Trump et haut responsable au Conseil de sécurité nationale américain, a été reçu mercredi 9 juillet à Bamako par le ministre des Affaires étrangères Abdoulaye Diop. Sa visite de trois jours marque un signal d’ouverture de la part de Washington, sans pour autant lever les incertitudes sur l’avenir de la coopération militaire entre les deux pays.
« Nous avons des équipements adéquats, des connaissances et des forces. Si le Mali décide de travailler avec nous, nous saurons comment faire face à la menace terroriste », a déclaré Rudy Atallah, dont les propos ont été relayés par la presse malienne. Une main tendue, certes, mais sans détails sur les conditions ou le périmètre d’un éventuel partenariat renouvelé.
Un passé de coopération suspendue
La coopération militaire entre Bamako et Washington avait été suspendue après le second coup d’État militaire malien en mai 2021. À l’époque, les États-Unis avaient gelé leurs soutiens dans un contexte de transition politique floue et de rapprochement du Mali avec la Russie, notamment à travers la présence controversée de l’Africa Corps (anciennement Wagner).
Jusqu’à cette rupture, l’assistance américaine se concentrait essentiellement sur la formation des forces armées maliennes, comme l’a rappelé l’ambassade des États-Unis à Bamako. Interrogée par RFI, cette dernière n’a fait « aucun commentaire » quant à une éventuelle reprise de cette coopération ni sur la position américaine face au partenariat stratégique actuel entre Bamako et Moscou.
Une volonté affichée de dialogue
Dans un communiqué, le ministère malien des Affaires étrangères s’est félicité d’un « dialogue politique rénové et constructif » avec les États-Unis. Les autorités maliennes ont réaffirmé leur volonté de contrôler en toute souveraineté les questions de défense et de sécurité, tout en mettant en avant leur coopération régionale avec le Burkina Faso et le Niger au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES). Bamako a également réitéré ses accusations contre « certains pays » soupçonnés de soutenir les groupes terroristes actifs dans la région.
Des signaux prudents, mais réels
Rudy Atallah a rencontré plusieurs responsables maliens, dont les ministres des Affaires étrangères et de la Sécurité. En revanche, aucune rencontre n’a eu lieu avec le ministre de la Défense, le général Sadio Camara, figure centrale du partenariat militaire avec la Russie. Ce détail n’est pas anodin et illustre peut-être les limites du rapprochement actuel.
Cette visite intervient quelques mois après une rencontre discrète en février entre des officiers maliens et américains à Bamako. La dernière visite officielle d’un représentant américain de haut niveau remontait à octobre 2022. Victoria Nuland, alors sous-secrétaire d’État, avait alors salué les efforts de transition politique du Mali, un processus aujourd’hui en suspens, les élections ayant été reportées sine die.
Si les contours de ce « retour » américain restent encore flous, la visite de Rudy Atallah montre que Washington n’exclut pas de reprendre pied dans une région sahélienne où son influence a reculé face à celle de la Russie.