À quelques jours des annonces présidentielles sur la politique de défense, le chef d’état-major des armées, Thierry Burkhard, tire la sonnette d’alarme. La Russie, selon lui, demeure la principale menace stratégique pour la France et l’Europe.
Lors d’une conférence de presse tenue ce vendredi 11 juillet, événement rare dans l’agenda du haut commandement militaire français, le général Thierry Burkhard a dressé un tableau sans fard des menaces qui pèsent sur la France et sur la stabilité mondiale. À ses yeux, l’ordre international tel que nous l’avons connu est révolu.
« Il ne faut pas espérer un retour à la normale à court terme », prévient-il. « Il faut se préparer à gérer le monde tel qu’il est aujourd’hui, et non pas celui que l’on souhaiterait. »
Ce constat s’inscrit dans un contexte de montée des tensions géopolitiques, de multiplication des crises – souvent instrumentalisées – et de fragilisation des sociétés occidentales. Parmi les menaces identifiées : le terrorisme, la manipulation de l’immigration clandestine, les attaques hybrides, la désinformation, ou encore les effets du dérèglement climatique.
Mais c’est la Russie qui cristallise l’attention du chef d’état-major :
« Elle est partie prenante de toutes ces formes de menaces. Elle constitue, à ce titre, une menace durable et, pour moi, la plus structurante. »
Le général Burkhard n’a pas hésité à qualifier la Russie d’« État totalitaire », mettant en avant l’arsenal hybride – militaire, numérique, informationnel – dont elle dispose pour déstabiliser ses adversaires. Ce positionnement intervient à deux jours du discours très attendu d’Emmanuel Macron aux armées, où des annonces majeures sont promises par l’Élysée.
Un effort de défense appelé à s’intensifier
Le général souligne que la capacité de la France à affirmer sa détermination est cruciale pour éviter toute confrontation directe. Mais cela implique des moyens. La Loi de programmation militaire (2024-2030) prévoit déjà 413 milliards d’euros, avec des hausses de budget annuelles de 3 milliards d’euros.
Or, dans un contexte de finances publiques contraintes, cet effort pourrait être difficile à maintenir, voire à amplifier. Pourtant, pour Thierry Burkhard, il est clair : la résilience nationale et la crédibilité militaire ne peuvent pas être négligées.
« La cohésion nationale est un élément clé de notre résilience. C’est précisément ce que nos adversaires cherchent à miner », a-t-il conclu.
La publication prochaine de la nouvelle Revue nationale stratégique devrait apporter des précisions sur l’évolution de la doctrine française face à un environnement de plus en plus incertain.