L’influenceur anti-occidental Kemi Seba, figure montante du panafricanisme, est au cœur d’une vive polémique depuis son arrivée au Tchad il y a plus d’une semaine. Sa conférence de presse, axée sur la critique du franc CFA et de l’influence française en Afrique, suscite des interrogations sur les motivations de son invitation et sur les implications politiques de son discours.
Kemi Seba, connu pour ses positions radicales, bénéficie d’un traitement privilégié lors de son séjour au Tchad. Avec un confort notable, incluant un véhicule tout-terrain, une sécurité renforcée, et un hébergement au prestigieux Radisson Blue, son statut d’invité soulève des questions. Les critiques estiment que ces moyens témoignent d’une approbation tacite du pouvoir tchadien. « Il est difficile de croire que le ministre des Affaires étrangères ait autorisé une telle tribune sans directive venant d’en haut », déclare un cadre gouvernemental.
En réponse aux accusations, une source au sein de la présidence affirme que le ministère des Affaires étrangères loue ses installations à toute entité capable de payer, déniant toute implication gouvernementale dans l’organisation de l’événement. Cependant, le manque de transparence de la section locale de l’ONG Urgence panafricaine, qui aurait organisé la visite, alimente les spéculations.
Pour certains observateurs, l’émergence de Kemi Seba au Tchad n’est pas surprenante. Le chercheur Hoinathy Remadji note que son message trouve un écho auprès d’une jeunesse en quête d’identité et de souveraineté. « Le Tchad adopte des positions de plus en plus proches de celles des pays de l’AES, ce qui rend le discours de Seba particulièrement pertinent », explique-t-il.
Néanmoins, tous les acteurs ne soutiennent pas la radicalité de Kemi Seba. Bechir Hassan Oumar, président du Rassemblement de la jeunesse africaine, partage certaines de ses idées sur le néo-colonialisme, mais critique son approche de rupture avec les dirigeants africains. « Nous croyons en la discussion et à la recherche de compromis », souligne-t-il.
L’ancien ministre des Affaires étrangères, Abderamane Koulamallah, met en garde contre l’instrumentalisation du discours souverainiste à des fins personnelles. « La question de la souveraineté est cruciale. Elle ne doit pas être exploitée pour le prestige de quelques-uns », déclare-t-il, appelant à une réflexion plus profonde sur les enjeux de l’identité nationale et de l’autonomie économique.