Le président sierra-léonais, Julius Maada Bio, a été porté ce dimanche à la tête de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), à l’issue du sommet ordinaire des chefs d’État de la région, tenu dans la capitale nigériane. Il succède à son homologue nigérian Bola Ahmed Tinubu et devient ainsi le nouveau président en exercice de l’organisation régionale.

Dans son discours inaugural, Julius Maada Bio a dressé un état des lieux préoccupant de la sous-région. « Notre région est à la croisée des chemins », a-t-il affirmé, en présentant un agenda axé sur le rétablissement de l’ordre constitutionnel, le renforcement de la sécurité et l’intégration économique. Un programme ambitieux au regard des nombreux défis auxquels la CEDEAO est confrontée : coups d’État à répétition, menace terroriste persistante, criminalité transnationale et tensions internes.

Son élection marque un tournant notable : pour la première fois depuis des années, deux présidents anglophones se succèdent à la tête de la CEDEAO, rompant avec la règle tacite d’alternance entre pays francophones, anglophones et lusophones. Une surprise, alors que le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye était considéré comme le favori.

Autre décision majeure de ce sommet : la nomination d’un négociateur chargé de piloter la sortie du Mali, du Burkina Faso et du Niger de l’organisation. Ces trois pays dirigés par des régimes militaires ont formé l’Alliance des États du Sahel (AES) et officialiseront leur retrait fin juillet. Le négociateur désigné sera appuyé par un trio de ministres issus de pays membres pour mener à bien cette procédure inédite.

Ce contexte de retrait et de dissidence fragilise davantage une CEDEAO déjà minée par les divisions internes et les tensions diplomatiques. Bola Tinubu, président sortant de l’institution, l’a reconnu dans son discours d’adieu : « Les défis rudes et constants continuent d’entraver nos aspirations. »

Le sommet d’Abuja s’est tenu dans un climat sécuritaire particulièrement dégradé. Le Sahel est en proie à une recrudescence d’attaques jihadistes, tandis que les États côtiers notamment le Bénin et la Côte d’Ivoire s’inquiètent d’un débordement de la violence. Même le Nigeria, géant régional, subit une nouvelle vague d’attaques contre ses installations militaires.

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