Des centaines de militants venus du monde entier s’apprêtent à marcher vers Rafah pour demander l’ouverture du passage frontalier et un cessez-le-feu à Gaza. Une initiative humanitaire pacifique qui suscite l’irritation d’Israël et la prudence des autorités égyptiennes.
Une mobilisation citoyenne d’ampleur inédite se prépare en Égypte, où plusieurs milliers de volontaires venus d’une quarantaine de pays s’apprêtent à marcher vers Gaza. L’objectif : alerter la communauté internationale sur la crise humanitaire dans l’enclave palestinienne et exiger l’ouverture durable du poste-frontière de Rafah pour permettre l’entrée de l’aide. Mais cette initiative, qualifiée de « provocation » par Israël, rencontre déjà des obstacles.
Tel-Aviv a exhorté ce jeudi les autorités égyptiennes à interdire la marche, redoutant une pression médiatique et diplomatique croissante. L’événement, baptisé « Marche vers Gaza », se veut pacifique, apolitique et non confessionnel. Il est porté par des ONG, des médecins, des artistes, des citoyens engagés tous unis par un appel à la responsabilité collective.
Les participants prévoient de quitter Le Caire ce vendredi pour se rendre en bus à Al Arish, à 50 kilomètres du point de passage de Rafah. De là, ils marcheront à pied pendant trois jours, dans des conditions climatiques difficiles, pour atteindre la frontière sud de Gaza. Une manifestation est prévue à l’arrivée, aux portes du territoire palestinien, toujours fermé aux convois humanitaires.
« On y va pour sauver notre humanité », affirme Hisham al-Ghaoui, médecin suisse ayant déjà effectué plusieurs missions à Gaza. Pour lui, cette action vise à créer une pression morale sur les gouvernements restés silencieux. « Les ONG sont bloquées, les politiques impuissants. Alors on marche », ajoute-t-il.
L’Égypte, elle, reste silencieuse. Aucune autorisation officielle n’a été donnée pour cette marche, mais aucun interdit formel non plus. Une ambiguïté qui se traduit sur le terrain par une surveillance accrue des participants étrangers. Plusieurs militants français ont été interpellés à l’aéroport du Caire ou dans leurs hôtels, selon des témoins.
« Mes amies ont été interceptées sans explication », témoigne Coralie Laghouati, infirmière française arrivée mercredi avec deux camarades. Une dizaine de personnes seraient actuellement retenues dans un local aéroportuaire, d’après la délégation française.
Derrière cette marche, l’intention est double : faire entendre la voix des civils et réclamer un cessez-le-feu dans le conflit qui ravage Gaza depuis octobre 2023. La plupart des participants financent eux-mêmes leur déplacement, dans une logique de volontariat total. Ils se disent mus par une urgence éthique. « Ce n’est pas seulement pour les Palestiniens. C’est aussi pour nos enfants, pour l’avenir de notre humanité », conclut Hisham al-Ghaoui.