Une avancée sociétale majeure saluée par l’exécutif mais critiquée par certains professionnels de santé
L’Assemblée nationale a voté ce lundi, en première lecture, en faveur de l’introduction d’un droit à l’aide à mourir pour les patients atteints de maladies incurables. Ce vote, fruit de longs débats parlementaires, marque une étape importante dans la réforme voulue par Emmanuel Macron et engagée dès 2022.
Deux textes ont été soumis aux députés : l’un sur le développement des soins palliatifs, adopté à l’unanimité, et l’autre sur l’instauration d’un droit à mourir dans la dignité, approuvé par 305 voix contre 199.
Le texte prévoit l’accès à une aide à mourir pour les personnes majeures atteintes d’une maladie incurable et entraînant des souffrances physiques ou psychologiques jugées insupportables. Les candidats à ce dispositif devront être de nationalité française ou résidents stables, et capables d’exprimer leur volonté « de façon libre et éclairée ».
Le président Macron a salué sur le réseau social X une « étape importante » franchie « dans le respect des sensibilités, des doutes et des espoirs ». La présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, a de son côté évoqué « un pas vers la liberté de choisir », saluant la « qualité des échanges » durant les débats.
Le projet de loi sera examiné à l’automne par le Sénat, à majorité conservatrice, qui pourrait y apporter des modifications importantes. Une deuxième lecture est d’ores et déjà prévue à l’Assemblée nationale.
Selon les défenseurs du texte, comme Jonathan Denis, président de l’association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD), toutes les précautions sont prises pour éviter les abus : cinq critères d’éligibilité, l’évaluation par un collège pluridisciplinaire, la possibilité de recours à un psychologue, une procédure entièrement traçable, et le respect de la clause de conscience pour les médecins.
Mais du côté des soignants, les critiques sont vives. Claire Fourcade, présidente de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP), dénonce un texte « flou » aux critères « trop larges », conférant un « pouvoir démesuré » aux médecins. Elle alerte notamment sur le fait que des centaines de milliers de patients, comme ceux atteints de cancers métastatiques, pourraient théoriquement y avoir accès.
« Ce sont les médecins qui devront, seuls, décider qui a le droit de bénéficier de cette aide. Ce n’est pas une loi d’autonomie, mais une loi de pouvoir médical », juge-t-elle.
Au-delà des clivages politiques, ce texte divise profondément l’opinion publique, le monde médical et les associations. Si une majorité de Français semble favorable à une législation plus permissive sur la fin de vie, de nombreuses voix appellent à la prudence et à un investissement renforcé dans les soins palliatifs.