Cent jours après son retour fracassant à la Maison-Blanche, Donald Trump n’a pas déçu ceux qui prédisaient un mandat hors normes. Débarrassé des derniers contre-pouvoirs internes, entouré d’un cercle loyal souvent choisi pour leur idéologie plutôt que leur compétence, le président américain gouverne par décret, tweet et confrontation. Une méthode qui divise, dérange et inquiète, aux États-Unis comme à l’étranger.

Un cabinet à l’image du chef

Trump a bâti une équipe gouvernementale à son image : provocatrice, médiatique, clivante. Betsy DeVos, ancienne ministre et figure de la lutte anti-syndicale dans l’éducation, reprend du service. À la Défense, un ex-présentateur de Fox News incarne une posture guerrière sur la scène internationale. Robert F. Kennedy Jr, militant anti-vaccin notoire, dirige la Santé publique. Quant à Elon Musk, propulsé à la tête d’un ministère fictif mais influent de « l’Efficacité gouvernementale », il rêve d’automatiser l’administration.

Ces choix ne relèvent pas seulement de l’improvisation ou du copinage. Ils s’inscrivent dans une vision : celle d’un État réduit à sa plus simple expression, musclé sur le plan sécuritaire, ultraconservateur sur les valeurs, et délesté de toute prétention sociale ou environnementale.

Une diplomatie de l’incident

Les premières semaines ont donné lieu à plusieurs couacs spectaculaires. Dernier en date : Trump a dénoncé une prétendue aide humanitaire de 50 millions de dollars destinée à Gaza… avant qu’on ne découvre qu’il s’agissait de la province mozambicaine du même nom. Une erreur qui n’a pas empêché le président de persister, accusant ses prédécesseurs de gaspillage et de trahison.

Le « projet 2025 » en ligne de mire

Derrière ce tumulte se dessine une ligne idéologique claire : l’application du « Projet 2025 », une feuille de route détaillée fournie par la Heritage Foundation, groupe de réflexion conservateur. Réécriture des droits civiques, suppression de la neutralité de l’administration, promotion d’une foi chrétienne militante dans les affaires publiques… Les fondations d’une transformation durable de l’Amérique sont en train d’être posées.

Le bouc émissaire comme moteur

Le retour du « bureau de la foi », les attaques répétées contre les personnes transgenres, la dénonciation des bénéficiaires de l’aide fédérale comme des « parasites étrangers » : ces thèmes, martelés jour après jour, nourrissent une rhétorique populiste de plus en plus agressive. Le président désigne des ennemis, agite des peurs, promet des purges.

Une Amérique fracturée

Dans les rues, les tensions montent. Des manifestations éclatent à chaque annonce majeure. Les contre-pouvoirs démocratiques, affaiblis mais encore actifs, tentent de résister. Les médias sont attaqués, la justice sous pression. La démocratie américaine vit un moment critique.

À 100 jours du second mandat Trump, une chose est certaine : l’Amérique n’est plus en pilotage automatique. Elle est à pleine vitesse, mais dans une direction incertaine, portée par un homme qui ne croit qu’en lui-même.

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