En visite familiale dans le nord de la Côte d’Ivoire, Mamadou Hawa Gassama, figure politique malienne et membre du Conseil national de transition (CNT), a été interpellé début juillet à Abidjan. Il est depuis détenu à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA), où il a été inculpé pour « offense au chef de l’État », « injure via les médias » et « fausse déclaration ».

Les faits remontent à septembre 2022. Dans une interview accordée à un média malien, alors que la CEDEAO venait d’imposer un embargo sévère sur le Mali, Mamadou Hawa Gassama avait publiquement critiqué le président Alassane Ouattara, le qualifiant d’« ennemi du Mali ». « J’ai des preuves », avait-il déclaré dans une vidéo en bambara largement relayée sur les réseaux sociaux.

Deux ans plus tard, c’est sur le sol ivoirien que le dossier le rattrape. L’avocat de M. Gassama, Me Mamadou Ismaïla Konaté, ancien ministre malien de la Justice, a confirmé l’incarcération de son client le 2 juillet. Dans un communiqué publié sur le réseau social X, il a précisé que M. Gassama reconnaît être l’auteur des propos incriminés.

Une lettre de pardon adressée à Ouattara

Dans un geste d’apaisement, Mamadou Hawa Gassama a adressé une lettre d’excuses au président ivoirien le 10 juillet. Dans ce courrier empreint de contrition, il exprime ses « plus sincères regrets » pour les paroles prononcées, qu’il dit avoir tenues « en réaction à une situation compliquée ».

« Il n’a jamais été question pour moi de vous manquer de respect et encore moins d’entacher votre image », écrit-il à l’attention du chef de l’État ivoirien, qu’il qualifie désormais de « personnalité admirable » pour son rôle dans le maintien de la paix au sein de la CEDEAO.

M. Gassama se dit prêt à entreprendre « toutes les actions possibles et nécessaires » pour réparer le tort causé. Son avocat, pour sa part, a mis en avant plusieurs éléments en sa faveur : l’âge avancé de l’accusé, sa qualité de parlementaire malien, son état de santé et sa nationalité étrangère.

Des sanctions lourdes possibles

Selon le Code pénal ivoirien, l’offense au chef de l’État est passible de trois mois à deux ans de prison. L’injure publique, notamment via les médias ou réseaux sociaux, peut quant à elle entraîner une peine d’un à cinq ans d’emprisonnement.

L’affaire, qui intervient dans un contexte de tensions politiques encore sensibles entre Abidjan et Bamako depuis les sanctions de la CEDEAO, suscite une attention particulière des deux côtés de la frontière. Le procès de Mamadou Hawa Gassama, dont la date n’est pas encore connue, pourrait devenir un nouvel épisode diplomatique dans les relations parfois houleuses entre la Côte d’Ivoire et le Mali.

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