Ce lundi 28 juillet, la justice colombienne a franchi un cap majeur en déclarant l’ancien président Alvaro Uribe coupable de subornation de témoin. À 73 ans, celui qui a dirigé la Colombie de 2002 à 2010 devient ainsi le premier ex-chef d’État du pays à être officiellement condamné par un tribunal national. Il risque jusqu’à douze ans de prison.
Le verdict, rendu à moins d’un an de la présidentielle colombienne, s’est fait attendre pendant neuf heures. La Cour pénale de Bogotá a retenu contre Uribe la tentative de manipulation d’anciens combattants détenus, dont les témoignages auraient pu compromettre la crédibilité de son principal adversaire politique. Ivan Cepeda, sénateur de gauche, initialement partie prenante de l’affaire, n’a pas été poursuivi.
L’ombre des milices paramilitaires plane toujours sur le passé d’Uribe. Pendant ses mandats, l’ancien président est accusé d’avoir favorisé la création de groupes armés illégaux, complices de massacres contre des civils, ainsi que de liens étroits avec le narcotrafic.
Devant le tribunal, les partisans d’Uribe ont dénoncé une « persécution politique » et un jugement « sans preuve ». Dans le même temps, les opposants ont salué ce « moment historique », symbolisant une avancée dans la lutte contre l’impunité des élites politiques.
Au-delà de cette condamnation pour subornation de témoin, Alvaro Uribe fait face à d’autres enquêtes, notamment en Argentine, où il est visé par des accusations de crimes contre l’humanité, liés à des milliers d’exécutions et disparitions forcées.
Cette décision pourrait profondément influencer le paysage politique colombien dans les mois à venir, à l’heure où la bataille présidentielle s’annonce déjà très disputée.