La course à la présidentielle camerounaise du 12 octobre 2025 est désormais lancée. Le président Paul Biya a convoqué officiellement le corps électoral vendredi 11 juillet, donnant ainsi le coup d’envoi d’un marathon politique sous tension, dans un pays aux équilibres fragiles. Les candidats déclarés s’activent pour répondre aux exigences strictes imposées par la loi électorale, dans des délais extrêmement courts.
Une course contre-la-montre pour les candidats
Dès la convocation officielle, les aspirants à la magistrature suprême disposent de seulement dix jours pour déposer leurs dossiers de candidature auprès des représentations régionales d’Elecam, l’organe en charge des élections. Mais un dossier déposé ne garantit en rien la participation au scrutin : il devra d’abord franchir l’étape de la validation par Elecam, suivie, en cas de litige, d’un possible recours devant le Conseil constitutionnel.
Entre ambitions personnelles et contraintes financières
La période actuelle est marquée par de nombreuses tractations politiques, notamment dans les rangs de l’opposition. Pour le politologue Njoya Moussa, le contexte oblige à un certain réalisme. « Les délais sont serrés, la caution s’élève à 30 millions de francs CFA… ce n’est pas donné à tout le monde », note-t-il.
Une candidature unique de l’opposition ? « Illusoire », selon lui. Mais il entrevoit néanmoins la possibilité que deux ou trois grandes figures politiques parviennent à rassembler autour d’elles des coalitions structurées mêlant partis et société civile.
L’équation des candidatures indépendantes
Le Cameroun compte près de 300 partis politiques, mais seuls 19 sont habilités à investir un candidat, en raison de leur représentation élective. Pour les autres, l’alternative réside dans une candidature indépendante, à condition de réunir 300 parrainages : 30 signatures dans chacune des dix régions, émanant d’élus ou de chefs traditionnels de premier degré. Un véritable parcours du combattant.
Des fractures internes au sein du RDPC
Le parti au pouvoir, le RDPC, pourrait ne pas aborder cette présidentielle en position de force. « Jamais le parti n’a semblé aussi peu préparé », estime Njoya Moussa. Il pointe du doigt les dissensions internes, les défections d’anciens alliés, l’absence de congrès depuis 14 ans, et les tensions croissantes entre certains ministres.
Dans ce contexte d’incertitude, la bataille pour le fauteuil présidentiel s’annonce particulièrement ouverte du moins, en apparence. Car au-delà des candidatures, se joue aussi l’épineuse question de la transparence et de la régularité du processus électoral.