C’est une annonce qui pourrait rebattre les cartes de l’élection présidentielle camerounaise prévue en octobre prochain. Bello Bouba Maïgari, président de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP) et ministre d’État depuis près de trois décennies, a officiellement déclaré sa candidature samedi 28 juin, lors d’une réunion du comité central de son parti à Yaoundé.

« À l’appel des différents intervenants, avec l’approbation de l’organe compétent – le comité central –, j’ai accepté d’être candidat à la prochaine élection présidentielle », a déclaré Bello Bouba devant la presse, à l’issue de la session tenue à huis clos.

Entré dans la majorité présidentielle en 1997, l’UNDP avait depuis toujours soutenu Paul Biya lors des scrutins présidentiels. En rompant avec cette longue tradition d’alliance, Bello Bouba prend ses distances avec le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) et met fin à près de trente ans de loyauté politique.

Le départ de l’UNDP de la coalition présidentielle suit de près celui du Front pour le salut national du Cameroun (FSNC) d’Issa Tchiroma, qui a récemment quitté le gouvernement. Une double rupture symbolique dans les régions du Grand Nord, stratégiques sur le plan électoral, qui ébranle les équilibres politiques au sein de la majorité sortante.

Pour de nombreux observateurs, cette candidature pourrait transformer profondément le paysage électoral. « Si Bello Bouba maintient sa décision, ce sera la première fois depuis 1992 que Paul Biya affrontera un de ses anciens alliés dans son bastion électoral du Nord », analyse le politologue Aboya Endong Manassé.

L’homme de Garoua, ancien Premier ministre dans les années 1980, mise sur son ancrage régional, son expérience politique et le désir de changement exprimé par une partie de la population pour peser dans une élection qui s’annonce plus ouverte qu’à l’accoutumée.

À 77 ans, Bello Bouba s’avance dans l’arène avec un discours de rassemblement et de renouveau pour son parti. Son positionnement en rupture avec le pouvoir central, tout en revendiquant une certaine continuité institutionnelle, pourrait séduire une frange de l’électorat désireuse d’alternance sans radicalité.

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