L’ancien ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Issa Tchiroma Bakary, a officiellement déclaré sa candidature à la prochaine élection présidentielle au Cameroun. L’annonce est intervenue seulement 24 heures après sa démission du gouvernement, marquant une rupture nette avec le président Paul Biya dont il fut l’un des soutiens les plus constants ces dernières décennies.

C’est par une lettre de 24 pages intitulée « Lettre aux Camerounais », diffusée sur les réseaux sociaux, que le désormais ex-membre du gouvernement a exprimé son ambition présidentielle. Le texte s’ouvre sur un hommage aux « pères fondateurs de la nation » et dépeint un pays « à bout de souffle », confronté à un système politique qu’il qualifie d’« épuisé ».

« J’ai connu le pouvoir et j’en ai mesuré les limites », écrit Issa Tchiroma, avant d’ajouter : « Un pays ne peut exister au service d’un homme. Il doit vivre au service de son peuple », une critique à peine voilée contre le président Biya, au pouvoir depuis 1982.

Dans cette lettre qui sonne comme un manifeste, l’ancien porte-parole du gouvernement dresse un bilan critique de son propre parcours au sein de l’appareil d’État et appelle à une refondation du système politique. Il évoque un « tournant historique » pour le Cameroun et propose, entre autres, un retour vers un « fédéralisme choisi », sans en préciser pour l’heure les contours exacts.

Son projet politique, bien que peu détaillé dans l’immédiat, s’inscrit dans une volonté de réforme profonde, à rebours du centralisme présidentiel qui caractérise le régime en place depuis plus de quatre décennies.

La diffusion de sa lettre a été suivie, presque simultanément, par la fuite d’un arrêté signé du ministre de l’Administration territoriale interdisant toute activité du FSNC (Front pour le salut national du Cameroun), le parti fondé par Tchiroma, dans un département de la région de l’Extrême-Nord. Une décision interprétée comme une riposte immédiate du pouvoir en place à l’émancipation de cet ancien allié devenu concurrent.

Issa Tchiroma, figure politique connue pour sa capacité à naviguer entre différents régimes, s’érige désormais en opposant. Reste à savoir s’il pourra transformer cette mue politique en dynamique électorale. Son expérience, son enracinement dans l’Extrême-Nord et sa rhétorique de rupture pourraient séduire une frange de l’électorat, mais le contexte politique camerounais, marqué par la mainmise du parti au pouvoir et les restrictions contre les opposants, ne joue pas en sa faveur.

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