Le Cameroun fait face à un phénomène inédit : 81 candidatures à la présidentielle prévue le 12 octobre 2025. Ce chiffre, record dans l’histoire politique du pays, fait polémique et soulève des interrogations sur la crédibilité du processus électoral et l’état de la gouvernance.

La période de dépôt des dossiers s’est clôturée le lundi 22 juillet à minuit. C’est désormais à l’organe en charge des élections, Elecam, d’examiner la validité des dossiers. Mais déjà, dans l’opinion publique comme chez les experts, cette déferlante de prétendants au fauteuil présidentiel suscite stupeur et inquiétude.

« C’est une inflation record qui traduit le mal-être de notre système politique », déclare Michel Oyane, politologue à l’université de Yaoundé 2. Selon lui, cette multiplication de candidatures reflète une forme de désenchantement : « Les Camerounais ne prennent plus au sérieux la fonction présidentielle. Peut-être parce qu’ils ont l’impression que ce n’est pas vraiment le président élu qui gouverne. »

Même son de cloche chez Viviane Ondoua Biwolé, professeure et experte en gouvernance : « Comment est-ce possible ? 81 personnes qui se déclarent prêtes à gouverner un pays comme le Cameroun ? Cela révèle de profonds dysfonctionnements institutionnels. »

Au-delà de la surprise, certains observateurs appellent à une réforme. Michel Oyane propose un durcissement des critères d’éligibilité, afin d’éviter à l’avenir ce qu’il qualifie de « spectacle ubuesque ». Pour lui, « le Cameroun est un pays sérieux qui mérite des élections sérieuses ».

Reste à savoir combien de ces 81 candidatures seront jugées recevables par Elecam. L’institution dispose de quelques jours pour trancher. Mais d’ores et déjà, ce nombre sans précédent met en lumière un paradoxe : une volonté de participation politique qui côtoie une défiance grandissante envers les institutions.

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