Les relations commerciales entre Paris et Alger pâtissent d’une dégradation politique continue, marquée par une chute notable des exportations françaises au premier trimestre 2025.

Les tensions politiques entre l’Algérie et la France ne cessent de s’accentuer, et leurs conséquences se traduisent désormais clairement dans les chiffres du commerce bilatéral. D’après les dernières données, les exportations françaises vers l’Algérie ont reculé de près de 20 % au premier trimestre 2025, passant sous la barre symbolique du milliard d’euros (992 millions d’euros contre 1,25 milliard à la même période en 2024).

Un spécialiste de l’économie franco-algérienne tempère cependant cette première estimation : « Il faut attendre les statistiques du premier semestre pour que la tendance baissière se confirme », souligne-t-il, tout en reconnaissant que la dynamique actuelle laisse peu d’espoir. En projection annuelle, la baisse pourrait dépasser les 15 %, un recul jugé « considérable ».

Ce recul s’inscrit dans un climat de défiance politique, mais aussi d’entraves pratiques croissantes. Une rumeur, en novembre dernier, selon laquelle les banques algériennes avaient été invitées à bloquer les opérations d’import-export avec la France, avait fait souffler un vent de panique. Bien que démentie officiellement, cette information semble avoir laissé des traces.

« Importer des pièces détachées ou des intrants depuis la France est devenu beaucoup plus compliqué », déplore le directeur d’une multinationale française. Selon lui, les entreprises étrangères rencontrent des obstacles, mais les Français sont particulièrement visés.

Sur le plan agricole, plusieurs signaux indiquent une mise à l’écart progressive de la France. Malgré les démentis, Paris reste convaincue d’avoir été exclue du dernier appel d’offres public algérien pour l’achat de 500 000 tonnes de blé. Même tendance dans le secteur laitier : l’Office national interprofessionnel du lait a récemment publié la liste des fournisseurs retenus pour un important contrat d’achat de poudre de lait. L’absence de la France y est notable, tandis que des pays comme la Pologne, l’Uruguay ou les États-Unis y figurent.

Symbole de la coopération industrielle entre les deux pays, l’usine Renault en Algérie reste à l’arrêt. En mars, elle a reçu une notification défavorable du comité technique du ministère de l’Industrie pour relancer sa production. Même refus pour l’usine de camions Volvo-Renault Trucks. L’État algérien affiche clairement sa volonté de viser l’autosuffisance industrielle d’ici fin 2025, ce qui redéfinit les priorités en matière de partenariats étrangers.

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