C’est une affaire qui a bouleversé l’Afrique du Sud. Ce jeudi, Racquel Kelly Smith, la mère de la petite Joshlin Smith, disparue depuis février 2024, a été condamnée à la prison à perpétuité pour trafic d’êtres humains et enlèvement. Deux de ses coaccusés ont également écopé de la même peine. La sentence, attendue depuis des mois, a été saluée par des applaudissements à l’extérieur du tribunal de Saldanha Bay, où de nombreux citoyens s’étaient rassemblés pour exiger justice.
Joshlin Smith, 6 ans, au sourire lumineux et aux yeux bleu-vert, était devenue en quelques jours le visage d’un drame national. Sa photo, massivement partagée sur les réseaux sociaux, a ému le pays entier. L’enquête, d’abord entravée par des incohérences, a rapidement pointé du doigt le comportement suspect de la mère, qui avait signalé la disparition de sa fille sans participer activement aux recherches.
Les témoignages de proches ont permis de reconstituer un scénario glaçant : Racquel Kelly Smith aurait vendu sa fille pour 20 000 rands (environ 950 euros), dans un contexte de précarité, de drogue et de désespoir. À ce jour, le corps de la fillette n’a toujours pas été retrouvé. « La perpétuité ne ramènera pas ma petite-fille », a déclaré la grand-mère de Joshlin, dévastée, à l’issue du procès.
Ce drame survient alors que débute en Afrique du Sud la « semaine de la protection de l’enfance ». Un triste rappel de la réalité : chaque mois, 1 300 enfants sont signalés disparus dans le pays, selon l’organisation Missing Children South Africa. Le pays fait face à une véritable crise de l’enfance, alimentée par la pauvreté, le chômage endémique et l’explosion de la toxicomanie dans de nombreuses communautés.
Les services sociaux, bien que dotés de lois avancées depuis l’instauration de la démocratie, restent sous-financés et débordés. Trois enfants sont tués chaque jour en Afrique du Sud, et une disparition est signalée toutes les cinq heures.
La Commission des droits humains d’Afrique du Sud appelle à des réformes urgentes : meilleure application des peines, mise en place d’un registre efficace des délinquants sexuels, suivi psychologique renforcé des familles à risque. « La protection des enfants est la responsabilité de tous », a rappelé le parquet au moment du verdict.