Auditionné par la commission d’enquête parlementaire, le Premier ministre François Bayrou s’est défendu avec vigueur, dénonçant une instrumentalisation politique et un témoignage « fallacieux ».
François Bayrou a livré ce mercredi soir une audition particulièrement attendue devant la commission d’enquête parlementaire sur l’affaire Notre-Dame-de-Bétharram, une école privée des Pyrénées-Atlantiques aujourd’hui au cœur d’un scandale d’agressions sexuelles sur mineurs. Une affaire sensible mêlant mémoire des victimes et accusations politiques, dans laquelle le Premier ministre, ancien ministre de l’Éducation nationale, est pointé du doigt pour sa possible inaction dans les années 1990.
Dès son entrée en scène, le ton était donné : « Enfin ! » a-t-il lancé, évoquant « un continent caché, un continent dérobé, de l’enfance violentée », recentrant le débat sur les victimes plutôt que sur sa personne. Très offensif, Bayrou a dénoncé « l’instrumentalisation » de l’affaire par certains élus, notamment le député insoumis Paul Vannier, corapporteur de la commission, qu’il accuse de vouloir « abattre » le gouvernement.
La tension est montée d’un cran lors de plusieurs échanges entre les deux hommes. Paul Vannier a interrogé Bayrou sur ses déclarations contradictoires à propos de ce qu’il savait — ou non — des agissements au sein de l’établissement. En réponse, le chef du gouvernement a martelé : « Je maintiens que je n’étais pas informé. Je n’ai pas menti. Je n’ai rien caché. » Il affirme n’avoir eu connaissance des faits qu’à travers la presse.
Bayrou a également remis en cause la crédibilité du témoignage de Françoise Gullung, ancienne enseignante de mathématiques à Bétharram, qui a déclaré l’avoir alerté à deux reprises. « Elle a reconstitué les faits fallacieusement et sous serment », a-t-il accusé, évoquant une incohérence de dates et des éléments sur son état de santé à l’époque. Il s’est dit victime d’une campagne de dénigrement.
Dans une passe d’armes très politique, Bayrou a dénoncé la méthode d’enquête, citant Jean-Luc Mélenchon et exhibant l’ouvrage « La Meute », qui critique le fonctionnement de LFI. Il a aussi balayé les accusations fondées sur des enquêtes de presse, notamment celles de Mediapart : « Je ne lis pas Mediapart, c’est une hygiène personnelle. Vous, vous en faites la Bible et les prophètes. »