Sous haute surveillance et dans un contexte international explosif, la Russie célèbre aujourd’hui avec faste le 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Un événement à forte valeur symbolique, soigneusement mis en scène par le Kremlin pour réaffirmer, à l’intérieur comme à l’extérieur de ses frontières, un message de force et de continuité historique.
Depuis plusieurs jours, Moscou s’est parée de rouge, de bleu et de blanc. Les drapeaux russes flottent partout, tandis que les affiches patriotiques, appelant à « se souvenir » et à « être fiers », envahissent vitrines, stations de métro et chantiers. La ville entière semble figée dans un décor militaire où l’Histoire devient outil de communication politique.
Car cette année, plus que jamais, le 9-Mai dépasse la seule commémoration. Pour les autorités russes, c’est une opportunité d’inscrire la guerre en Ukraine dans le prolongement direct de la victoire de 1945, en ravivant la mémoire collective autour de la lutte contre le nazisme. Un parallèle audacieux, qui sert de fondement au récit du Kremlin depuis le début du conflit.
Les festivités de cette année sont à la mesure du message voulu : gigantesques. Le défilé militaire annoncé sur la place Rouge est présenté comme le plus massif jamais organisé. Y participeront, fait inédit, des troupes chinoises, illustrant l’axe Moscou-Pékin renforcé face à l’Occident. Mais cette démonstration de force s’effectue dans un climat de menace palpable.
Des coupures d’internet, des fermetures de stations de métro, une surveillance renforcée, des magasins interdits d’ouverture… jamais les mesures de sécurité n’avaient été aussi strictes. Une réponse directe à la récente vague d’attaques de drones attribuées à l’Ukraine, qui a accentué la nervosité du pouvoir.
Malgré le faste, l’isolement de la Russie se lit aussi dans la liste des invités. Hors du cercle des alliés traditionnels – en Afrique, en Asie et en Amérique latine – peu de dirigeants occidentaux ont répondu présent. Seul Robert Fico, Premier ministre slovaque, représentera l’UE, confirmant le fossé creusé entre Moscou et ses anciens partenaires de la coalition anti-nazie.