Alors que le gouvernement s’apprête à dévoiler mardi 15 juillet ses grandes orientations budgétaires pour 2026, une hypothèse radicale alimente les débats : celle d’une « année blanche ». Une mesure d’austérité qui consisterait à geler les dépenses de l’État au niveau de 2025, sans revalorisation pour tenir compte de l’inflation.

Invité de LCI jeudi 10 juillet, le Premier ministre François Bayrou a réaffirmé l’objectif de maîtrise des finances publiques, tout en restant discret sur les arbitrages à venir. Une chose est sûre : « tout le monde devra contribuer à l’effort », a-t-il averti.

Une économie potentielle de 10 milliards

Le principe d’une année blanche est simple sur le papier : stabiliser toutes les dépenses, qu’elles soient ministérielles, sociales ou territoriales. L’enjeu ? Réaliser jusqu’à 10 milliards d’euros d’économies, selon la commission des Finances de l’Assemblée nationale.

Parmi les premières lignes budgétaires visées : les pensions de retraite, qui représentent à elles seules plus de 400 milliards d’euros. L’économiste Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne, précise que l’absence d’indexation sur l’inflation pourrait générer environ trois milliards d’euros d’économies.

L’hypothèse d’un gel plus large incluant les aides au logement ou le RSA porterait l’économie potentielle à six milliards. Mais cette stratégie fait débat, car elle pourrait pénaliser en priorité les ménages les plus modestes, dans un contexte où la pauvreté est en hausse, selon les derniers chiffres de l’Insee.

Une classe politique fracturée

Du côté de la majorité présidentielle et de la droite, l’idée séduit. « Il faut stopper l’emballement des dépenses publiques, qui augmentent de 60 milliards d’euros par an. C’est insoutenable », alerte le député Renaissance Mathieu Lefebvre.

À gauche, en revanche, la mesure est jugée injuste. « Derrière ce gel budgétaire, il y a une baisse des protections sociales, une attaque contre les plus vulnérables », s’inquiète Benjamin Lucas, député écologiste.

Une ligne rouge en vue ?

Jusqu’ici, aucun gouvernement ne s’est aventuré à appliquer une telle rigueur de manière aussi large. La ministre des Comptes publics, elle, ne ferme aucune porte. À l’approche du rendez-vous budgétaire, l’exécutif veut « fixer un cap ». Mais reste à savoir à quel prix et pour qui.

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