Le régime du général Abdourahamane Tiani semble avoir tranché dans la nouvelle géopolitique de l’uranium nigérien. Après avoir évincé la France, traditionnellement dominante dans ce secteur, les autorités nigériennes prennent leurs distances avec la Russie et se rapprochent nettement des États-Unis, dans une stratégie de diversification assumée.
Au cœur de cette dynamique : le projet Dasa, porté par la société canadienne Global Atomic. Situé dans la région d’Agadez, ce gisement d’uranium pourrait propulser le Niger parmi les leaders mondiaux de la filière, avec une exploitation prévue de 68,1 millions de livres d’uranium sur 23 ans. Le démarrage de la production est attendu dès 2026, si les financements sont sécurisés dans les délais.
Global Atomic est en négociations avancées avec une banque de développement américaine pour mobiliser 295 millions de dollars, soit près de 60 % du coût total du projet. Ce partenariat potentiel avec les institutions financières des États-Unis illustre un réalignement stratégique majeur du Niger, qui cherche à renforcer sa souveraineté tout en modernisant son secteur extractif.
Ce choix n’est pas anodin. Il s’inscrit dans une volonté plus large de rompre avec les anciennes dépendances, notamment envers l’ancien partenaire français. Depuis le coup d’État de 2023 et le départ des troupes françaises, le régime de Tiani cherche à diversifier ses alliances, sans pour autant tomber dans un nouveau tête-à-tête exclusif avec la Russie, qui peine à concrétiser ses promesses dans le pays.
Les États-Unis, de leur côté, voient dans cette ouverture une opportunité stratégique, tant sur le plan économique qu’énergétique. Dans un contexte de transition énergétique mondiale, l’uranium nigérien devient un enjeu de plus en plus convoité. Washington entend ne pas laisser le champ libre à ses rivaux, et offre un soutien technique et financier à un projet qui pourrait assurer à terme des approvisionnements stables et sécurisés.
Mais au-delà des chiffres, les enjeux sont aussi sociaux et environnementaux. Le projet Dasa pourrait créer des centaines d’emplois et offrir des formations spécialisées aux populations locales. Cependant, la réussite du projet dépendra aussi de sa gestion durable, dans une région sahélienne sensible aux déséquilibres environnementaux.