Alors que la dette publique du Togo frôle le seuil critique de 70 % du PIB fixé par l’UEMOA, la situation financière du pays semble avoir franchi un cap inquiétant. Les communes sont aujourd’hui dans l’incapacité de payer leurs prestataires, les fonds domiciliés au Trésor public étant devenus, selon plusieurs sources locales, pratiquement inaccessibles.
Au 31 décembre 2024, la dette publique du Togo s’élevait à 4 217,73 milliards FCFA, soit 69,16 % du PIB. Plus préoccupant encore : la dette intérieure représente 61,4 % de ce montant, affectant directement les acteurs économiques nationaux.
Parmi les principales victimes : les entrepreneurs locaux. Bon nombre d’entre eux, après avoir remporté des marchés publics et réalisé les travaux commandés par les communes, attendent toujours d’être payés. Les factures transmises au Trésor via les mairies s’accumulent sans suite depuis six, parfois huit mois. « Le travail est fini, mais l’argent ne vient pas. Et les banques, elles, n’attendent pas », confie un entrepreneur sous couvert d’anonymat.
Dans certaines communes, la situation est devenue intenable. Des maires, pris entre les pressions des créanciers et l’absence de liquidités, vivent un véritable cauchemar administratif. « Les fonds sont censés être disponibles au Trésor, mais personne ne peut y toucher », explique un élu local. Ce gel des ressources publiques plonge non seulement les entrepreneurs dans la précarité, mais ralentit aussi dangereusement le fonctionnement des collectivités.
L’État, de plus en plus dépendant des emprunts sur le marché régional UMOA-Titres, semble aujourd’hui dans une situation de quasi-défaillance. Si aucune déclaration officielle ne parle encore de « faillite », les faits parlent d’eux-mêmes : le Trésor togolais ne rembourse plus ses dettes dans les délais. Un défaut de paiement qui ne dit pas son nom.
Au-delà des chiffres, c’est un modèle de gouvernance opaque et centralisé qui est mis en cause. Où vont réellement les fonds des communes ? Pourquoi le Trésor public ne libère-t-il pas les ressources pourtant engagées ? Et combien de temps cette tension budgétaire pourra-t-elle tenir sans provoquer une crise sociale et économique majeure ?
Tant que ces questions resteront sans réponse, l’État togolais continuera de susciter inquiétude et exaspération. Car aujourd’hui, c’est tout un tissu économique local qui vacille sur un fil.