Alors que les États-Unis envisagent d’étendre leurs restrictions de voyage à 36 nouveaux pays, dont une grande majorité d’Afrique de l’Ouest, le Nigeria hausse le ton. Pour Abuja, cette mesure compromettrait des négociations cruciales avec Washington, notamment sur les métaux rares et l’énergie.

Le ministre nigérian des Affaires étrangères, Yussuf Tuggar, a fermement réagi aux intentions de l’administration Trump : « Nous aimerions conclure des accords avec les États-Unis, mais les restrictions en matière de visas sont des obstacles non tarifaires », a-t-il dénoncé. Et de rappeler à Washington que « ce serait dommage, car nous sommes une terre d’opportunités ».

Le Nigeria est aujourd’hui l’un des acteurs émergents dans le secteur des métaux rares. Le pays a produit en 2024 près de 13 000 tonnes métriques, en hausse de 80 % par rapport à 2023, selon les données du service géologique américain. Il devient ainsi le 5ᵉ producteur mondial et le premier africain dans un marché hautement stratégique.

Ces métaux, parmi lesquels figurent le lithium ou le samarium, sont essentiels à de nombreuses industries de pointe : défense, électronique, véhicules électriques, énergies renouvelables… Autant de secteurs dans lesquels les États-Unis cherchent à diversifier leurs sources d’approvisionnement, face à la domination quasi absolue de la Chine, qui fournit près de 90 % de la production mondiale.

La relation sino-américaine s’étant tendue ces derniers mois, Pékin a réagi à la montée des droits de douane américains en restreignant ses exportations de terres rares vers les États-Unis. Une riposte qui a mis en évidence la vulnérabilité américaine dans ce domaine.

Le Nigeria et plus largement l’Afrique de l’Ouest apparaissent donc comme une alternative stratégique pour Washington. Mais le projet de « travel ban » pourrait tout faire capoter.

Pour Yussuf Tuggar, la logique sécuritaire ne doit pas compromettre les intérêts économiques mutuels. « Si les États-Unis ferment la porte à leurs partenaires potentiels, ils se tourneront vers d’autres alliés », laisse-t-il entendre, dans un message à peine voilé.

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